L’homme derrière la collecte des bacs verts à Rosemont
Avec l’explosion des plaintes concernant les différentes collectes dans Rosemont–La Petite-Patrie en janvier, plus particulièrement pour le recyclage, TC Media est allé constater le travail sur le terrain. Portrait de Laurent Santamaria, qui ramasse les matières recyclables depuis 10 ans.
Seul à bord de son camion de plus de 1,5 tonne, il collecte les bacs sur les trottoirs, quatre jours par semaine, à raison d’une dizaine d’heures par jour.
Descendre, charger, remonter. Puis de nouveau descendre, charger, remonter. Il le fait des centaines, voire des milliers de fois. C’est sa routine quotidienne.
«Tout le monde me traite de fou, ironise-t-il. Ma grand-mère m’a toujours dit: « Laurent, va faire un métier que personne ne veut faire. » C’était un défi à relever et j’ai attrapé la piqûre.»
À 39 ans, celui qui œuvrait auparavant dans le milieu de l’imprimerie aime son métier.
C’est par choix, et non par dépit, défaut ou obligation, que cet ancien résident de Rosemont s’occupe du recyclage dans l’arrondissement depuis le début de l’année quand son employeur a obtenu le nouveau contrat de la collecte.
«Il y a des gens qui se demandent qui ramasse le recyclage, quelle est la mentalité du gars en arrière. On m’a souvent demandé si je sortais de prison, si j’étais en contrat d’insertion. Mais non!»
Un dur métier
Entre le 4 et le 21 janvier, plus de 350 plaintes ont été déposées auprès de l’arrondissement pour des problèmes de ramassage du recyclage.
Pour contrer la grogne citoyenne, le chauffeur-ramasseur mise sur le dialogue. «On est mieux de consacrer un peu de temps pour expliquer à certains citoyens comment ça fonctionne. L’aspect humain est en train de disparaître et avec nous, les gens ont la chance d’avoir quelqu’un en face d’eux qui peut leur expliquer ce qu’il faut faire ou ne pas faire.»
À son arrivée sur le territoire, il a constaté quelques mauvaises habitudes prises par certains résidents.
«Des personnes oublient de sortir leurs vidanges à temps et les cachent dans le recyclage, mais je les vois quand même. Je n’ai pas le droit de les prendre, comme le matériel informatique, par exemple.»
Il arrive aussi qu’il fasse parfois des découvertes étonnantes. «Les chats morts tout comme d’autres bibites, ça ne se recycle pas et pourtant, j’en trouve plein.»
Qu’il neige, vente ou fasse chaud, M. Santamaria est fidèle au poste. Il garde le sourire, même si le métier est physique et comporte des risques de blessures.
«Je me suis déjà passé le bras dans le compacteur du camion il y a cinq ans. Je ne compte plus mes bleus le soir. Je me suis écrasé le pouce dans la machinerie récemment, mais je n’ai pas arrêté de travailler pour autant. C’est la job.»
Pourtant nécessaire, les chauffeurs-ramasseurs se font parfois invectiver. «On est une gêne. Pour certains, on n’existe pas jusqu’à ce qu’ils aient besoin de quelque chose. C’est une minorité, mais quand ils tapent, ils tapent fort. À ce moment, on a deux solutions: la haine avec l’envie de frapper ou pleurer.»
Mais, heureusement, les insultes ne viennent pas toujours assombrir le quotidien de M. Santamaria. «Des fois, c’est juste un petit sourire, un « merci beaucoup », un « heureusement que vous êtes là », ou encore une bouteille d’eau fraîche donnée quand il fait chaud. Et cela suffit.»
Gardant en tête ces marques d’affection, M. Santamaria continuera la collecte des matières recyclables avec le sourire et une bonne humeur contagieuse au cours des cinq prochaines années, jusqu’à la fin de son mandat rosemontois.