Meurtre de Valérie Leblanc: «Une paranoïa s’était installée à l’intérieur du Cégep»
Il y a cinq ans, un individu dont on ignore toujours l’identité enlevait la vie à la jeune Valérie Leblanc, à quelques centaines de mètres du Cégep de l’Outaouais. Des événements qui sont encore frais en mémoire de l’ancien directeur des affaires étudiantes et communautaires de l’établissement, Yves Lahaie.
Vigile pour Valérie Leblanc
Aujourd’hui directeur général de la Fondation du Cégep de l’Outaouais, il se rappelle très bien de cette journée et celles qui ont suivi les tristes événements. «Tous les dossiers qui relevaient des étudiants, j’étais impliqué, peu importe la nature», raconte-t-il d’entrée de jeu.
Rappelons que les événements sont arrivés au début de l’année scolaire, au moment de l’accueil des nouveaux étudiants. «Ça a été un coup de marteau sur la tête de tout le monde.» Le meurtre d’une étudiante alors que la rentrée s’amorçait a forcé la création d’une cellule de crise. «Quand son décès est arrivé, le lendemain, c’était le branle-bas de combat», se rappelle Yves Lahaie.
Ce type d’événement ne fait pas partie de ce qui est géré normalement dans un établissement d’éducation, note-t-il. «J’avais vécu une grève en 2005, mais ce n’était rien comparer à cela.» Le travail de ceux qui géraient la crise au quotidien était imposant.
Rencontre à l’interne, échange avec des employés, des étudiants, des gens qui étaient d’abord gênés d’aller à la rencontre des policiers pour leur faire part d’éléments d’information.
Et rappeler que la situation était prise en main par le SPVG. S’il dresse le bilan de cette gestion de crise, Yves Lahaie estime que le travail a été bien fait dans les circonstances. «Je pense qu’on a bien géré, mais ça demeure des événements extrêmement intenses et difficiles», admet-il.
Paranoïa
Après la découverte du corps de Valérie Leblanc et devant l’absence de suspect arrêté, l’ambiance et le climat était «bizarroïde» au Cégep de l’Outaouais. «Une paranoïa s’était installée à l’intérieur du Cégep. Un malaise généralisé. C’est ça qui était le plus difficile à gérer.»
Le fait de ne pas connaître le meurtrier rendait le tout encore plus difficile, se rappelle-t-il. «C’est ce qui a créé ce climat-là.» L’insécurité était palpable, raconte Yves Lahaie. «Ça demeure un meurtre crapuleux et absolument abominable»
Ce climat d’insécurité a pris plusieurs mois à s’estomper. Voire même plus d’un an, notamment lors de la rentrée suivante. Cinq ans plus tard, alors que la population étudiante s’est renouvelée, ce malaise n’est plus présent comme avant. «Ça demeure un meurtre crapuleux et absolument abominable», note-t-il, évoquant des événements qu’il est impossible d’oublier. La plaie reste ouverte, admet-il, ayant une grande pensée pour la famille dans cette histoire.
À fleur de peau
Évoluant dans le milieu de l’éducation depuis près de trente ans, Yves Lahaie admet qu’une telle crise à gérer était du jamais vu. «Ça a été assurément le dossier le plus difficile que j’ai eu à gérer», admet-il sans détour.
Et au campus Gabrielle-Roy, accueillant une grande partie des étudiants du Cégep de l’Outaouais, beaucoup de gens étaient affectés par ce crime, d’autant plus que Valérie Leblanc avait déjà une année de complétée au sein de l’établissement collégial. «Ça a été une suite d’événements intenses qu’on n’est pas habitué à gérer», ajoute celui qui en a pourtant vu de toutes les couleurs au fil de ses années en éducation.
Après cette année-là, Yves Lahaie a eu l’opportunité de travailler comme directeur général au sein de l’organisation des Jeux de la francophonie canadienne.
Une occasion salutaire de prendre du recul pour celui qui a vécu coup sur coup le meurtre de Valérie Leblanc et les carrés rouges en l’espace de quelques mois. «Ça a été mon année la plus difficile», confie-t-il.