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La perception des fugues change

More in the same series Photo: Getty Images/iStockphoto

Chaque année, entre soixante et une centaine de cas de disparitions de jeunes – principalement des fugues – sont signalés au Réseau Enfants-Retour. Bien que ce nombre demeure relativement stable, la perception publique de ces cas est en train de changer, croit Pina Arcamone, directrice générale de l’organisation.

Au début de 2016, de nombreux cas de fugues ont fait les manchettes. Pour Pina Arcamone, le fait que des parents se soient manifestés ouvertement et aient fait appel à la générosité du public pour retrouver leur enfant qui manquait à l’appel a contribué à changer les perceptions des fugues. «Je pense que ces parents ont sensibilisé les gens à la signification des fugues», avance la directrice du Réseau Enfants-Retour. «Ils ont aussi fait la lumière sur le vécu de ces jeunes dans la rue, sur le fait que des jeunes de Montréal ou d’autres villes puissent être vulnérables à des risques d’exploitation sexuelle.»

En ce mois de la prévention des fugues, Mme Arcamone souligne que ces jeunes fuient un manque d’attention, de l’intimidation, des abus ou des difficultés à l’école, par exemple. «Il faut vraiment essayer de comprendre qui est le jeune, ce qu’il vit, comment on peut l’aider. On voit que les parents sont de plus en plus inquiets.» Les cas de jeunes en fugue ne concernent pas que les plus grandes villes comme Montréal, Laval et Québec. Mme Arcamone évoque des cas à Gatineau, à Longueuil, à Sherbrooke, à Cap Rouge, à Drummondville et à Châteaugay.

«La fugue n’est pas le problème. La fugue nous indique qu’il y a un problème. C’est la seule porte de sortie pour ces jeunes.» – Pina Arcamone, directrice générale du Réseau Enfants-Retour

Selon la directrice du Réseau Enfants-Retour, il se produit actuellement autre changement important concernant les fugues et leur signalement: de plus en plus de ces jeunes sont des garçons. «Avant, la pensée était qu’ils était plus capables de se débrouiller qu’une jeune fille. Mais maintenant, nous voyons que les parents se disent que ce n’est pas le cas». D’après Mme Arcamone, les parents de jeunes garçons hésitent dorénavant moins à contacter les policiers et Enfants Retour pour obtenir de l’aide. «On réalise que ces jeunes garçons sont aussi vulnérables et peuvent être exposés à toutes sortes de choses, incluant une vie de délinquance, de criminalité.»

L’impact des réseaux sociaux
Le 6 octobre dernier, le Service de police de l’Agglomération de Longueuil (SPAL) publiait sur sa page Facebook un avis de recherche concernant la jeune Maude Perron, 13 ans. Environ une heure plus tard, le SPAL publiait un nouvel avis, annonçant que Maude avait été retrouvée.

La publication de l’avis de recherche de Maude Perron avait été vu sur Facebook par 101 249 personnes, a confirmé à TC Media le SPAL. Il avait été partagé plus de 1850 fois, sans compter les commentaires et les réactions.

Les réseaux sociaux, comme Facebook, sont devenus essentiels pour la circulation des avis de recherche, confirme l’agent Jean-Pierre Voutsino, du SPAL. Bien qu’il soit impossible de chiffrer l’impact direct de la diffusion des avis sur les réseaux sociaux, «l’information va aux quatre coins du globe, instantanément, confirme l’agent Voutsino. Ça va aider.»

Pour Mme Arcamone, l’utilisation des réseaux sociaux dans les cas de disparition de jeunes doit cependant se faire de façon vigilante. Une des premières règles qu’elle évoque est d’éviter de partager un avis de disparition sans savoir si le jeune a été retrouvé ou non.

«Souvent, les gens vont partager l’information, mais ils ne diront pas si le jeune est retrouvé. Donc, l’avis de recherche continue de circuler, des jours et des semaines après que le jeune soit retrouvé, parce que c’est sur Facebook, précise Mme Arcamone. On a la responsabilité de ne plus faire circuler un avis de recherche quand la personne est retrouvée, afin d’éviter de lui créer un préjudice.»

En bref:
– Au Québec, environ 5000 disparitions de jeunes de 12 à 17 ans sont signalées chaque année. La majorité des cas sont des fugues;
– La majorité des fugueurs reviennent à leur domicile de leur propre chef dans les premières heures de leur disparition, indique Pina Arcamone, directrice générale du Réseau Enfants-Retour;
– Le Réseau Enfants-Retour met en ligne des outils pour les parents qui s’inquiètent pour la sécurité de leurs enfants.

À lire aussi: Les réseaux sociaux au service de la police dans les cas de disparition

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