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Khizr Khan forcé d’annuler sa présence à Toronto

Alex Brandon / The Associated Press Photo: Alex Brandon

TORONTO — Les organisateurs d’un événement torontois dans le cadre duquel le père d’un soldat américain musulman mort au combat en Irak devait prononcer un discours ont dû annuler le dîner-causerie parce que les «conditions de déplacements» de l’orateur invité «font l’objet d’une révision».

Khizr Khan, qui avait critiqué publiquement le président américain Donald Trump, l’été dernier, pour sa rhétorique antimusulmane, devait prononcer une allocution sur la tolérance, la bonne entente et l’unité à Toronto, mardi midi. Or, M. Khan, citoyen américain depuis plus de 30 ans, a été prévenu tard dimanche soir que ses «privilèges de voyage» étaient réévalués, a relaté l’organisme canadien «Ramsay Talks», qui l’avait invité à Toronto.

Il a été impossible lundi de joindre un porte-parole de ces «Rencontres Ramsay» pour savoir d’où vient précisément la «réévaluation» des conditions de déplacements de l’orateur américain. Sur sa page Facebook, l’organisme torontois cite M. Khan, qui soutient lui aussi ignorer les motifs de cette mesure.

Il se dit par ailleurs «préoccupé» par cette affaire, «comme d’ailleurs tous (ses) compatriotes américains, jaloux de notre liberté de voyager à l’étranger». Son fils, le capitaine Humayun Khan, est l’un des 14 Américains musulmans morts en service au cours des dix années qui ont suivi les attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis. Le capitaine Khan avait été tué en 2004 en tentant de protéger son unité contre un kamikaze qui s’était fait exploser, en Irak.

Lors de son discours à la convention du Parti démocrate, l’été dernier, M. Khan avait laissé entendre que M. Trump, alors candidat républicain, n’avait pas lu la Constitution américaine. En brandissant une version format de poche, il avait lancé que Donald Trump, lui, n’avait rien sacrifié dans cette guerre au terrorisme.

M. Trump avait rétorqué quelques semaines avant l’élection présidentielle que s’il avait été président des États-Unis en 2004, le fils de M. Khan serait toujours vivant aujourd’hui, car il s’était opposé à ce déploiement américain en Irak — ce qui est faux.

En annonçant l’allocution de M. Khan, les «Rencontres Ramsay» indiquaient sur leur site internet que le Pakistanais arrivé aux États-Unis sans le sou il y a des décennies et qui avait plus tard décroché un diplôme de droit à Harvard souhaitait parler à Toronto de «ce que nous pouvons faire face à la consternante tournure des événements à Washington — afin que tout ne soit pas sacrifié au bout du compte».

«Donald Trump sans relâche, calomnie les musulmans et manque de respect envers les minorités, les femmes, les juges — même la direction de son propre parti. Il souhaite ériger des murs et nous chasser de ce pays», cite la page Facebook de «Ramsay Talks».

Depuis son «altercation» avec Donald Trump, M. Khan est devenu une figure emblématique de la lutte contre les politiques d’immigration du président américain. «Il vient un temps, dans la vie d’un citoyen ordinaire, où il faut trouver le courage de se tenir debout et de dénoncer la tyrannie et la haine — des valeurs pas du tout américaines», disait-il en octobre dernier.

Lundi, le président Trump a dévoilé son nouveau décret en matière d’immigration, qui interdit l’entrée aux États-Unis aux ressortissants de six pays à majorité musulmane qui demandent de nouveaux visas, en plus de suspendre pendant au moins quatre mois tout le programme d’accueil des réfugiés. Le nouveau décret ne touche plus l’Irak mais les ressortissants de la Syrie, du Soudan, de l’Iran, de la Libye, de la Somalie et du Yémen sont toujours visés.

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