Saccage d’un studio à Paris: un Québécois mis en cause
Un Québécois a fait l’objet d’une enquête pour avoir saccagé en août, à Paris, un studio loué sur la plateforme d’hébergement Airbnb. L’homme a laissé la propriétaire des lieux avec plus de 10000€ (15000$) de frais en dommages et nettoyage.
«Ce studio est la seule chose que je possède, c’est toute ma vie. Mais je me bats et je veux obtenir gain de cause», a confié à Métro l’hôte parisienne qui souhaite être identifiée comme Laurie S. Celle-ci a porté plainte à la police pour dégradation de biens contre l’homme de la région de Montréal.
L’individu au centre de cette affaire, un travailleur expatrié en France*, a habité dans le logement de Laurie à partir du 22 juillet, et ce, durant cinq semaines. «Le charmant studio tout neuf s’est transformé littéralement en un vulgaire squat rempli d’excréments, d’urine et d’une quantité impressionnante de cadavres de bouteilles d’alcool», a écrit la femme de 37 ans dans une publication Facebook qui a fait le tour du monde.
*Les renseignements au sujet du locataire québécois proviennent de son profil Airbnb, de ses cartes d’identité et de l’enquête policière. Son identité n’a pas été dévoilée par respect pour lui et ses proches.
«Choquée», «dévastée», «désemparée»… Laurie ne manque pas de qualificatifs pour évoquer ce qu’elle a ressenti en voyant l’état de son logement après le séjour du Québécois. Elle a d’ailleurs publié sur les réseaux sociaux plusieurs photos qui montrent bien l’ampleur des dégâts.
«Il a fait ses besoins dans mon lit. Le parquet et le meuble de cuisine ont gondolé à cause de l’urine. Mon réfrigérateur, ma méridienne et les toilettes sont cassés. Le plafond et les murs sont pleins de taches noires», énumère celle qui avait investi toutes ses économies dans la rénovation de son studio de 13m².
«Quand le studio sera vidé et nettoyé, je me sentirai mieux. Malgré tout, il sera très dur pour moi de dormir de nouveau là-bas.» –Laurie S., hôte Airbnb à Paris
Un séjour qui s’étire
Laurie S., une danseuse professionnelle, travaille fréquemment sur la route. Elle louait donc son appartement de manière occasionnelle et n’avait jusque-là jamais vécu de mauvaise expérience.
Le locataire québécois n’a éveillé au départ aucune suspicion chez Laurie. «Il s’exprimait très bien», note-t-elle, précisant ne pas l’avoir rencontré en personne. L’homme n’avait qu’un commentaire d’usager associé à son profil Airbnb, mais c’était un commentaire positif. Il ne devait rester que quatre semaines.
Au terme du mois de location, le 20 août, tout a basculé. «Le monsieur a demandé une prolongation d’une semaine. J’ai refusé, car la gestionnaire de mon appartement est tombée sur lui en allant récupérer les clés du logement. Elle m’a dit: “N’accepte pas la prolongation. Il n’est pas propre et j’ai aperçu des bouteilles d’alcool dans le studio”», raconte Laurie S.
Néanmoins, le visiteur a refusé de quitter les lieux. Ce n’est que le 27 août qu’il a finalement communiqué avec son hôte pour dire qu’il était «tombé malade» et qu’il partirait le 28, ce qu’il a fait. «J’ai su par la voisine qu’il avait été emmené par les pompiers dans la matinée, relate la Parisienne. Il lui a demandé de les appeler, car il n’avait plus de téléphone et il disait se sentir très mal.»
Par la suite, l’homme de la région de Montréal a tenté une dernière fois de joindre Laurie afin de récupérer des effets personnels. «J’ai apporté ses affaires au commissariat. Je ne souhaite plus être en contact avec lui», tranche-t-elle.
Démarches auprès de Airbnb
Dès le 20 août, Laurie a multiplié les appels auprès d’Airbnb afin de régler la situation. Après avoir été laissée dans le noir durant plus d’une semaine, elle a finalement obtenu une réponse de l’entreprise. «Grâce à une journaliste qui a pris mon histoire au sérieux et qui a personnellement contacté Airbnb, j’ai reçu le soir même un appel du centre d’aide et aujourd’hui, ils s’occupent de mon dossier», confie-t-elle.
Sans nier les délais dans le traitement de la demande, le site d’hébergement a indiqué à Métro travailler avec la propriétaire afin d’évaluer les dégâts. Laurie S. est soutenue par une «garantie hôte» jusqu’à hauteur de 1 M$, assure Airbnb.
L’entreprise a d’ores et déjà avisé Laurie qu’elle serait dédommagée pour le nettoyage de l’appartement. Un expert mandaté par Airbnb s’est rendu au studio cette semaine afin d’évaluer les dommages. Ce n’est qu’après le dépôt de son rapport que Laurie saura si elle sera complètement indemnisée ou non.
Quant au locataire québécois, il a été banni de la plateforme. «Nous appliquons une tolérance zéro pour ce type de comportement», a précisé par courriel un porte-parole de la compagnie pour la France, Aurélien Pérol.
Selon l’information transmise à la plaignante par la police, l’enquête a démontré que l’homme était suivi pour une dépendance à l’alcool dans un hôpital parisien et qu’il était sous antidépresseurs. «J’aimerais simplement qu’il se réveille, qu’il assume ses responsabilités et qu’il s’adresse à Airbnb pour payer les réparations», indique-t-elle, assurant ne pas en vouloir personnellement à l’homme en question. «J’aimerais que les gens qui sont dans sa situation réalisent qu’ils font du mal autour d’eux.»
Le parquet de Paris n’a pas donné suite à la demande d’information de Métro au sujet de cette enquête.
Un appel au secours
Laurie s’est tournée vers Facebook d’abord et avant tout pour interpeller Airbnb, qui ne «répondait pas alors que la situation était catastrophique». Elle a toutefois été «complètement dépassée» par l’ampleur qu’a prise cette affaire sur le web. «Ç’a touché une corde sensible. Ça peut arriver à des millions de personnes sur la planète», lance-t-elle.
Sur la page qu’elle a créée, beaucoup de gens se sont tournés vers elle afin de connaître les démarches qu’elle a entreprises. L’artiste parisienne aimerait désormais aider les locateurs comme elle qui attendent des nouvelles après un sinistre et souhaiterait que Airbnb puisse entendre certaines de ses suggestions, comme celle d’imposer une limite de jours aux premières réservations de nouveaux abonnés.
Airbnb conseille notamment à ses hôtes de bien dialoguer avec leurs éventuels locataires, de consulter les commentaires à leur sujet, de voir si leur identité est «vérifiée» (c’est-à-dire validée par la plateforme à partir de documents et des réseaux sociaux), de créer un réglement intérieur clair et d’exiger au besoin une caution.