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Bob Rae en mission au Bangladesh et au Myanmar

Mike Blanchfield, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — L’émissaire spécial du Canada au Myanmar pour tenter de résoudre la crise des Rohingyas, Bob Rae, doit mobiliser les pays voisins influents pour qu’ils exercent de la pression, selon un ex-sous-secrétaire des Nations unies.

Jan Egeland, qui a agi comme sous-secrétaire général aux affaires humanitaires à l’apogée de quelques-unes des plus récentes crises mondiales, a dit applaudir la nomination de Bob Rae.

Il croit toutefois que l’envoyé spécial doit élargir l’étendue de son mandat diplomatique au-delà du Bangladesh, qui a reçu sur son territoire des centaines de milliers de Rohingyas musulmans chassés, et du Myanmar, dont les dirigeants militaires sont blâmés pour ce qui a été identifié comme un nettoyage ethnique.

En entrevue à La Presse canadienne, Jan Egeland a «humblement conseillé» au Canada de rallier la Chine, l’Inde, le Japon et Singapour afin qu’ils mettent de la pression sur les forces militaires et de sécurité du Myanmar.

Il a notamment souligné que ces hauts dirigeants militaires voyagent dans les autres pays d’Asie, qu’ils ont des propriétés ou des comptes bancaires dans ces États.

Jan Egeland a occupé des rôles importants au sein de l’Organisation des Nations unies lors de la crise du Darfour et de l’offensive d’Israël contre le Hezbollah au Liban en 2006. Il a aussi participé à l’organisation du processus de paix entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine qui a mené à l’Accord d’Oslo en 1992.

Aujourd’hui directeur du Conseil norvégien des réfugiés, qui a tenté d’apporter de l’aide aux Rohingyas dans l’État de Rakhine au Myanmar, M. Egeland croit que l’aide humanitaire ne sera pas suffisante pour mettre un terme aux souffrances de cette population.

«Les émissaires spéciaux sont indéniablement importants pour attirer l’attention, poser des actions, stimuler la diplomatie internationale qui est souvent la seule porte de sortie. La façon de sortir d’une crise humanitaire n’est pas d’abord et avant tout avec de l’aide humanitaire», insiste-t-il.

«L’aide humanitaire est un pansement sur une plaie ouverte qui ne peut être soignée que par des solutions internationales et la diplomatie internationale.»

Bob Rae, désigné par le premier ministre Justin Trudeau, a amorcé vendredi une visite de deux jours au camp de Cox’s Bazar, au Bangladesh, où 600 000 musulmans du Myanmar voisin ont trouvé refuge depuis quelques mois.

L’envoyé spécial doit aussi rencontrer des responsables du gouvernement du Myanmar, lundi et mardi. Il souhaite notamment s’entretenir avec des représentants de l’armée, qui sont montrés du doigt pour ce que certains qualifient de «nettoyage ethnique» mené contre la communauté ethnique des Rohingyas.

Les Rohingyas sont de confession musulmane, dans ce pays à majorité «bouddhiste théravada», une branche traditionaliste du bouddhisme.

Aucune rencontre ne serait par ailleurs prévue avec la leader du Myanmar, Aung San Suu Kyi, mais des responsables canadiens indiquent que M. Rae espère toujours s’entretenir avec la citoyenne canadienne honoraire et lauréate du prix Nobel de la paix en 1991.

La chef de l’État de facto a été critiquée un peu partout dans le monde pour son incapacité à dénoncer les violences commises dans son pays contre le groupe ethnique minoritaire des Rohingyas, de confession musulmane.

M. Rae fera ensuite de vive voix le bilan de sa mission au premier ministre Trudeau, la semaine prochaine, à l’occasion du forum de Coopération économique Asie-Pacifique (APEC), au Vietnam. L’émissaire spécial canadien utilisera aussi ce forum international, qui réunit les leaders de 21 pays, pour rencontrer d’autres acteurs de la région afin de dégager une solution coordonnée à la crise birmane.

On estime que 900 000 Rohingyas ont fui jusqu’ici le Myanmar pour le Bangladesh voisin, en Asie du Sud-Est.

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