Soutenez

L'opposition reproche au PLQ son manque d'éthique

Le salon bleu de l'Assemblée nationale du Québec, où siègent les députés élus. Photo: Jacques Boissinot/La Presse Canadienne
Caroline Plante, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

QUÉBEC — Les trois partis d’opposition à l’Assemblée nationale ont uni leurs forces mercredi pour reprocher une fois de plus au Parti libéral du Québec (PLQ), et plus particulièrement au premier ministre Philippe Couillard, son manque d’éthique.

S’appuyant sur des révélations du Journal de Montréal, le leader parlementaire du Parti québécois (PQ), Pascal Bérubé, a sonné la charge et soutenu que le PLQ était sous l’influence de l’ex-argentier libéral Marc Bibeau.

«Ce qu’on apprend ce matin est majeur, a déclaré M. Bérubé à l’entrée de son caucus. Imaginez la scène suivante: Est-ce qu’il y a un citoyen du Québec qui peut dire: « Moi j’aimerais avoir la moitié du conseil des ministres dans ma cour pour faire une fête »? (…) Pourquoi c’est possible avec Marc Bibeau?

«C’est clairement un gouvernement sous influence, l’influence de l’argent», a-t-il martelé.

Dans son édition de mercredi, le Journal maintient que M. Bibeau a organisé au moins sept fêtes somptueuses, chez lui à Beaconsfield, pour mettre en contact des ministres libéraux et des firmes de génie-conseil qui contribuaient à la caisse du parti.

Toujours selon le quotidien, pratiquement tout le conseil des ministres en 2003-2004 était invité à ces fêtes, dont M. Couillard, alors ministre de la Santé.

M. Bérubé a exigé des explications de la part des ministres toujours en poste aujourd’hui. Il invite aussi le Directeur général des élections (DGE) à se pencher sur les révélations, notamment celle voulant que des cabinets ministériels, financés par les fonds publics, auraient contribué à ces activités partisanes.

«C’est du jamais vu, c’est illégal», s’est exclamé le député Bérubé, en ajoutant qu’après vérification, aucune activité partisane n’a été déclarée à cette époque précise.

Des enquêtes de l’Unité permanente anticorruption (UPAC) et de la vérificatrice générale, qui touchent notamment le financement du Parti libéral, sont actuellement en cours.

De son côté, le député Éric Caire, de la Coalition avenir Québec (CAQ), s’est dit «dégoûté» par le «trafic d’influence». Il a dit soupçonner que M. Bibeau a encore «le bras long» et obtient des contrats lucratifs du gouvernement.

D’ailleurs, le chef de la CAQ, François Legault, s’est indigné que M. Bibeau ait logé des milliers d’appels auprès de dirigeants de sociétés d’État, dont Hydro-Québec, Loto-Québec et la Société des alcools du Québec (SAQ).

«Est-ce que le premier ministre peut, ce matin, se lever, rassurer les Québécois et leur dire les vérifications qu’il a faites pour s’assurer que le grand argentier du Parti libéral, Marc Bibeau, n’a pas été favorisé par des sociétés d’État et n’est pas aujourd’hui favorisé par des sociétés d’État?», a-t-il demandé en Chambre.

Le député Amir Khadir, de Québec solidaire, n’a pas hésité à parler de «corruption» qui «gangrène le Parti libéral, et ce n’est pas réglé».

«Il y a un détail qui est frappant, c’est le rôle de Philippe Couillard, a-t-il dit. Il est clair que c’est un ministre à 100 000 $ de l’ère Charest et qu’il était au centre de tout ça.»

Autre temps, autres moeurs

Cet enjeu a occupé une majeure partie de la période des questions, mercredi, alors que le premier ministre Couillard reconnaissait être allé à une fête organisée par Marc Bibeau.

«C’était un événement social. (…) Ce n’était rien d’autre que des rencontres entre les gens», s’est-il défendu au Salon bleu.

Mais «il fallait mettre un terme à une sorte de proximité qui devenait de plus en plus difficile, même pour la perception, entre les milieux économiques et les élus. C’est chose du passé: en 2017-2018, cette époque est révolue», a-t-il dit.

Tous les partis politiques à l’époque usaient de pratiques similaires, maintenant considérées comme «douteuses et certainement dépassées», a ajouté la ministre de la Réforme des institutions démocratiques, Kathleen Weil.

Par exemple, a contre-attaqué le leader parlementaire du gouvernement, Jean-Marc Fournier, l’ancien premier ministre péquiste Bernard Landry participait à tous les ans à un cocktail de Noël d’Oxygène 9, une firme de lobbying ayant bénéficié d’une commission automatique sur des subventions gouvernementales.

Il a aussi ciblé François Legault, qui, à titre de ministre de la Santé sous un gouvernement du PQ, aurait participé à un événement impliquant uniquement des présidents de compagnies pharmaceutiques.

Les partis d’opposition ne peuvent prétendre être «des vierges», a conclu M. Fournier.

Pour le libéral Serge Simard, les événements se sont produits «dans une autre ère». Le ministre délégué à l’Intégrité des marchés publics, Robert Poëti, a fait valoir que les lois sur le financement des partis politiques ont été resserrées depuis. Le président du Conseil du trésor, Pierre Arcand, a pour sa part dénoncé «l’acharnement» des partis d’opposition.

Articles récents du même sujet

Mon
Métro

Découvrez nos infolettres !

Le meilleur moyen de rester brancher sur les nouvelles de Montréal et votre quartier.