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«Du jamais vu», dit l’Ordre des infirmières

Photo: Archives Métro

MONTRÉAL — Le public qui appelle l’Ordre des infirmières parce qu’il est inquiet de voir les conditions dans lesquelles elles pratiquent. Des infirmières qui se dénoncent elles-mêmes à leur ordre, parce qu’elles n’arrivent plus à remplir leurs obligations. La crise actuelle est «du jamais vu».

Au cours d’une conférence de presse, lundi à Montréal, la présidente de l’Ordre des infirmières, Lucie Tremblay, a confirmé que «ça crie de partout» — une situation qu’avait déjà dénoncée la Fédération interprofessionnelle de la santé, l’organisation syndicale qui représente la majorité des infirmières et infirmières auxiliaires du Québec.

Mme Tremblay a aussi indiqué que les demandes d’enquête en lien avec la qualité des soins et services ont augmenté de 7 pour cent au cours des deux dernières années. Elles représentent maintenant la moitié des dossiers déposés auprès du syndic de l’ordre, soit 288.

La situation ne peut plus durer, s’est exclamée Mme Tremblay. «C’est quelque chose qu’on n’a jamais vu dans le passé.»

«Il y a des infirmières qui sont en train de nous appeler en nous disant: « je vais m’autodénoncer; je ne suis pas capable de suivre mes obligations professionnelles et je trouve la situation tellement grave et je ne sais plus où aller; alors je vais m’autodénoncer ». On n’a jamais vu un mouvement comme celui-là ici», a rapporté Mme Tremblay.

Et le public aussi est inquiet de voir ces infirmières surchargées de travail, parfois épuisées, a confirmé la présidente de leur ordre professionnel, qui représente 74 500 infirmières au Québec.

«Le public lui-même est en train de nous appeler en disant: « les infirmières ne sont pas capables de nous soigner à la hauteur de nos besoins — pas parce qu’elles ne veulent pas, mais parce qu’elles ont l’air de courir un peu partout, sans être capables de répondre à nos besoins »», a relaté Mme Tremblay.

Problèmes et solutions

Elle a pressé le gouvernement Couillard de régler les problèmes qui durent depuis des années: heures supplémentaires obligatoires, surcharge de travail, infirmières affectées à des tâches autres que les soins infirmiers et autres.

Elle voit comme «un pas dans la bonne direction» la solution avancée par la FIQ, qui revendique l’instauration de quotas «professionnelles en soins-patients».

Mais elle voudrait aussi que les 1200 infirmières diplômées hors du Québec puissent trouver rapidement du travail, tout comme les 2000 diplômées qui sont attendues ce printemps.

Et il faudrait que les infirmières cessent d’être affectées à toutes sortes de tâches autres que des soins infirmiers.

Réactions

À la FIQ, la présidente Nancy Bédard s’est réjouie que l’ordre professionnel «prenne enfin position publiquement sur la crise». La FIQ représente environ 75 000 infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes.

«Nous l’avons interpellé plusieurs fois sur le sujet parce que nous croyons que ça le concerne directement. Nous avons fait part à l’OIIQ de nos solutions pour régler les problèmes. On se réjouit donc aussi de voir qu’il appuie notre projet de ratios professionnelles en soins-patients et qu’il reconnaisse que les ratios, tout comme la stabilité des équipes de soins, contribueront à diminuer la surcharge de travail de nos membres et contribueront à assurer des soins de qualité et sécuritaires», a commenté Mme Bédard.

La Centrale des syndicats du Québec, qui représente 5000 infirmières et infirmières auxiliaires, souligne elle-même l’importance de tels propos venant d’un ordre professionnel. «Quand une organisation plutôt prudente comme l’OIIQ est rendue à sonner l’alarme publiquement sur un sujet aussi délicat, ça donne une indication claire de la gravité de la situation», a commenté la présidente de la Fédération de la santé de la CSQ, Claire Montour.

De son côté, à Montréal, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a fait part de son intention de s’attaquer au dossier des soins infirmiers, maintenant que la question de la rémunération des médecins est selon lui réglée.

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