Le NPD, un an après la mort de Jack Layton
Il y a un an Jack Layton s’éteignait laissant derrière lui un parti fragile aux prises avec de lourdes responsabilités en tant qu’opposition officielle. Un an plus tard, le parti, dirigé depuis mars 2012 par Thomas Mulcair, est bien en selle.
Les premiers mois sans M. Layton ont d’abord laissé craindre le pire pour le parti. «Remplacer Jack représentait un défi immense», reconnait la recrue Alexandre Boulerice, député fédéral de Rosemont–La Petite-Patrie. Ce l’était d’autant plus dans ce contexte postélectoral où le parti est passé de 37 à 103 députés à Ottawa, dont 58 au Québec.
«La période où le NDP a été dirigé par Nycole Turmel [chef intérimaire] n’était guère glorieuse, explique André Lamoureux, spécialiste du NPD au département de sciences politiques de l’UQAM. Leur leadership à la Chambre des communes était faible et leurs interventions manquaient de force.»
Selon M. Lamoureux, le parti a raté plusieurs occasions de critiquer le gouvernement Harper comme avec la nomination d’un vérificateur général unilingue, notamment. M. Boulerice reconnaît que le parti a tardé à réagir.
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La course à la chefferie, qui a duré près de 6 mois, a été de l’avis de M. Boulerice et de M. Lamoureux beaucoup trop longue. Selon le chef Thomas Mulcair, cette période était nécessaire pour recruter des membres au Québec, où il n’y a pas de parti néo-démocrate provincial, contrairement aux autres provinces. En un an, ils sont passés de 2000 membres dans la belle province à 15 000, indique M. Mulcair.
Choisir un nouveau chef était également un exercice périlleux pour la formation. À son arrivée, en 2003, Jack Layton avait remis sur pied ce parti en déroute qui ne comptait que 13 députés. «Au congrès de 2001, un pan du NDP avait même proposé de saborder le parti», précise M. Lamoureux.
Le NDP n’a donc pas seulement perdu un chef charismatique l’an dernier, mais également celui qui a contribué à forger son identité. Sous sa direction, ce parti social-démocrate s’est épanoui avec de forts accents environnementalistes.
L’héritage social-démocrate a d’ailleurs été contesté au cours de la course à la chefferie avec des candidats comme Nathan Cullen en faveur d’une alliance avec les libéraux. Le nouveau chef, M. Mulcair, malgré son passé de député et ministre pour le Parti libéral du Québec, a réussi sa conversion à la culture néo-démocrate. La crise identitaire a donc été évitée.
L’élection de M. Mulcair a finalement permis au parti de jouer pleinement son rôle d’opposition officielle. «La force du NPD est Thomas Mulcair, soutient M. Lamoureux. Il est un excellent tribun, un parlementaire aguerri, qui a le sens de la réplique.»
M. Mulcair a également réussi à consolider la base québécoise. «Ça aurait été une erreur monumentale que de la sous-estimer, croit le spécialiste. M. Mulcair a gagné en popularité en se montrant plus ouvert que Layton, en parole du moins, envers le Québec en se déclarant, par exemple, favorable à un renforcement de la loi 101.»
Au cours de la prochaine année, le NDP devra continuer à défendre les intérêts des Québécois tout en courtisant l’Ontario, s’il aspire à diriger le prochain gouvernement, ajoute M. Lamoureux.
La création d’un parti néo-démocrate est également envisagée. «Ma priorité est de battre Stephen Harper en 2015, il n’est pas question de dissiper mes énergies d’ici là… mais il y a de très bonnes chances pour que voyez le NDP au provincial», dit M. Mulcair.