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Cinq ans après la tragédie de Lac-Mégantic

Photo: Jacques Boissinot / La Presse Canadienne

LAC-MÉGANTIC, Qc — Il y a cinq ans, un train transportant 7,7 millions de litres de pétrole brut entamait une course folle et explosait en plein coeur du centre-ville de Lac-Mégantic, tuant 47 personnes. Les quelque 5800 Méganticois soulignent jeudi et vendredi le cinquième anniversaire de la terrible tragédie survenue dans la nuit du 5 au 6 juillet 2013.

En arrivant à Lac-Mégantic, on ne pourrait jamais deviner qu’un drame aussi grand s’est joué ici. Les gens marchent avec leur chien, la terrasse de la Brasserie Laval est bondée et les clients rigolent. D’autres préfèrent les bars laitiers alors que la température dépasse les 30 degrés.

On ne prend la mesure de l’ampleur des horribles événements qu’une fois avoir traversé la municipalité. Tout au bout de la longue artère, on découvre le trou béant laissé par les wagons en feu de l’ancienne compagnie ferroviaire Montreal, Maine and Atlantic (MMA).

Bien que la reconstruction avance et que la communauté se soit mobilisée pour s’offrir un charmant nouveau centre-ville, le vide est encore bien visible.

L’un des incontournables de ce nouveau centre-ville, c’est la renaissance du Musi-Café. En ce soir de commémoration, l’endroit est bien rempli et plutôt bruyant. Il faut même patienter avant d’obtenir une table, signe que la vie a repris son cours et que les Méganticois n’ont pas renoncé au plaisir.

Le propriétaire de l’établissement, Yannick Gagné, a vécu difficilement ces cinq dernières années. «On se dit tout le temps que les années passent et que ça va être plus facile, mais c’est plus difficile», partage l’homme d’affaires qui a rouvert les portes de son resto-bar 17 mois après l’explosion.

«Cinq ans plus tard, je me rends compte que je n’étais pas prêt. Je n’aurais pas dû me rembarquer dans cette folie. J’ai sacrifié ma famille, j’ai recommencé à zéro. Je me suis endetté», raconte le restaurateur qui a récemment mis son commerce en vente.

Yannick Gagné vit encore avec une peur du train. Il hésite à passer sous le viaduc où passe la voie ferrée et il garde toujours un plan d’évacuation en tête si par malheur un nouveau déraillement devait se produire.

Malgré tout, il se réjouit d’avoir le train devant son commerce plutôt que derrière. «Mais c’est sûr qu’on y pense plus qu’avant», reconnaît-il. Le père de quatre enfants a passé la soirée dans son restaurant et n’avait pas l’intention de participer aux cérémonies. Il préfère rester en famille.

Pour d’autres, comme Lise Vigneault, il est nécessaire de se rassembler. «On est encore en vie, nous autres. Il ne faut pas arrêter de vivre», confie la dame croisée sur le trottoir en chemin vers un spectacle au parc. Lors de l’accident, elle a perdu des amis, des connaissances, des fillettes à qui elle a enseigné.

Selon elle, certaines personnes ont réussi à retrouver le bonheur, d’autres ressentent toujours une douleur vive. «Chacun vit son deuil. Moi-même, je suis allé chercher de l’aide parce que j’avais un vide à l’intérieur», raconte-t-elle avec difficulté.

À quelques coins de rue, de nombreux citoyens sont rassemblés au parc des Vétérans pour un concert en plein air. Ici encore, c’est le plaisir qui l’emporte sur les larmes.

En fin de soirée jeudi, environ 200 personnes se sont rassemblées pour marcher en silence de l’église jusqu’au cimetière où reposent les malheureuses victimes du drame.

«C’est important qu’il y ait des événements pour souligner, mais il ne faut pas qu’il y en ait tout le temps. Ça ravive beaucoup d’émotions pour ceux qui ont perdu des proches», souligne Laurence Roy qui réside à Lac-Mégantic depuis 25 ans. Cinq ans après le drame, elle remarque que ses concitoyens sont encore très affectés.

Rémi Tremblay, journaliste de l’Écho de Frontenac, a vu sa communauté se relever. «Je pense qu’on est passé à autre chose. Les regards se sont tournés vers la reconstruction et la route de contournement. Ça nous a sortis de notre sentiment de deuil. On vit dans la continuité, on regarde vers l’avant», observe celui qui a couvert le drame de l’intérieur en 2013.

Le curé Steve Lemay a animé la cérémonie de la marche silencieuse. Avant le départ, il a lancé un message d’espoir aux citoyens en leur proposant de se tourner vers leur lumière intérieure, celle de l’amour. Tout son message a porté sur l’importance d’alimenter l’amour dans sa vie et de le partager à travers la communauté.

Vendredi matin, une conférence aura lieu à l’espace éphémère, puis une messe spéciale se déroulera à l’église Sainte-Agnès à 11 h, suivie d’une série de rencontres populaires et de manifestations artistiques.

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