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Lâcher prise

A woman's hands clasping golden sand falling through fingers adorned with ring and bracelets Photo: Getty Images/iStockphoto

Il y a déjà quelques années que j’ai pris conscience de l’importance de m’occuper de ma santé mentale. Dans ma vie, j’ai vu de nombreux travailleurs sociaux, 
psychiatres, psychologues, name it. Les temps d’attente sont longs, parfois les cliniciens ne conviennent pas, et chaque fois, c’est un recommencement. Chaque fois, il faut se replonger dans ses vieilles blessures et ça ne mène pas toujours quelque part.

Il y a aussi ces longs questionnements à savoir si on va finir par guérir de certaines choses. S’ensuivent des nuits sans dormir et l’impression de ne pas s’accomplir en tant que personne. J’ai souvent eu peur de ne jamais être une aînée, béret sur la tête comme les grands-mères de ma communauté. Longtemps, j’ai été incapable de me projeter dans le futur. J’étais alors incapable de m’investir dans quoi que ce soit. Je savais où je ne voulais pas être, sans savoir où je voulais m’en aller.

Cet hiver, j’ai décidé de prendre un autre chemin dans ma quête de guérison. Au courant de la fin de semaine, je ferai ma première année de sundance, une cérémonie assez difficile qui nécessitera probablement toute ma concentration et ma force. Ce sera aussi un engagement à vie pour plusieurs raisons, mais j’ai décidé que j’étais prête.

J’ai réalisé que prendre soin de soi, ce n’est pas seulement parler à un psy entre quatre murs. Savoir enfin ce dont on a besoin pour tourner la page, c’est un beau sentiment. Entourée de personnes qui ont parfois le même vécu que moi, de nos traditions et de notre territoire, je vais enfin pouvoir laisser une partie de 
mes traumatismes derrière moi. C’est aussi dans ma spiritualité que je le ferai.

Mes grands-parents n’ont pas eu des vies faciles, et s’ils sont encore capables d’être debout, je suis capable aussi.

Je suis en train de travailler sur la jupe que je porterai durant la cérémonie, et ce, sous le regard fier de ma grand-mère. Je parle souvent d’elle, parce que mes grands-parents sont mes plus beaux modèles de résilience. Ils n’ont pas eu des vies faciles et s’ils sont encore capables d’être debout, je suis capable aussi.

Vivre avec ma grand-mère m’a aussi fait accepter le fait que certains événements m’ont probablement changé à jamais, mais elle me donne envie de lâcher prise. Elle me fait apprécier les petites choses de la vie. Elle éternue, je la trouve drôle. Elle m’accuse de déplacer ses choses, je la trouve drôle. Elle chiale parce qu’elle 
n’aime pas le spaghetti, je 
la trouve drôle. Je me trouve aussi chanceuse de pouvoir quotidiennement lui dire que je l’aime.

Je brode ma jupe en utilisant un de ses vieux motifs qu’elle gardait précieusement dans une boîte. J’ai aussi utilisé un tartan pour faire ma jupe, un hommage à nos grands-mères qui recevaient jadis ce tissu dans leurs rations de la Compagnie de la Baie d’Hudson. Ma jupe à rubans, c’est non seulement une lettre d’amour, mais aussi un traité de paix avec le passé de ma grand-mère et le mien. J’entame un nouveau chapitre de ma vie. Je n’ai plus peur de l’avenir.

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