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Augmenter les prestations d’aide sociale favoriserait le retour au travail

Photo: Denis Beaumont/Métro

L’institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) propose d’augmenter les prestations d’assistance sociale dans une note publiée mercredi. L’étude de l’IRIS vise à contredire le mythe selon lequel hausser les prestations d’aide sociale aurait comme conséquence d’augmenter le nombre de bénéficiaires.

Selon les statistiques épluchées sur 21 ans par l’institut, aucune corrélation n’a pu être établie entre ces deux situations. «Des prestations plus généreuses favoriseraient le retour au travail», conclut Eve-Lyne Couturier, chercheure à l’IRIS et auteure de la note.

L’IRIS s’appuie sur le fait que les prestataires recevant l’aide gouvernementale la plus généreuse, soit les familles monoparentales, ont diminué de 56 % entre 1996 et 2008. Actuellement, une personne déclarée apte au travail reçoit une prestation de 589 $ par mois au Québec. Cela ne couvre que 49 % de la mesure du panier de consommation établi par Statistiques Canada. «Si on cherche à encourager à faire une réinsertion dans le milieu du travail, il faudrait au moins donner à ces gens le minimum pour vivre, s’acheter les vêtements qu’il faut et être dans un état physique et mental qui n’est pas le stress constant», souligne l’autre auteur de la note, Renaud Gignac, chercheur associé à l’IRIS.

La stratégie du gouvernement de diviser les prestataires en aptes et inaptes au travail est également remise en question par la note de L’IRIS. Cela pose un problème éthique aux médecins, puisque les bénéficiaires déclarés inaptes reçoivent environ 300 $ de plus par mois que les autres. «Il faut donc être sûr à 100 % que la personne est apte au travail, par exemple, et c’est plutôt difficile à évaluer, note M. Gignac. C’est une notion floue, qui varie dans le temps. C’est une étiquette qui a des grosses conséquences sur le revenu d’un individu.»

Les deux chercheurs déplorent également la formation d’une «trappe à la pauvreté» créée par le taux marginal effectif, qui a pour effet de pénaliser le retour au travail. Lorsqu’un bénéficiaire de l’aide sociale perçoit un salaire de plus de 200 $ par mois, on retranche chaque dollar de plus sur sa prestation. «Cela encourage à dissimuler à l’État les gains faits dans des emplois secondaires», croit Eve-Lyne Couturier.

Réactions
La co-porte-parole de Québec solidaire, Françoise David, a accueilli la note de l’IRIS avec satisfaction. «Ce n’est pas en affamant les pauvres qu’on va les rendre plus riches, résume-t-elle. Quand les gens sont trop pauvres, ils passent leurs journées à élaborer des stratégies de survie.»

L’élue de QS observe également qu’un grand nombre de bénéficiaires de l’aide sociale qui sont déclarés aptes au travail éprouvent d’énormes difficultés à occuper un emploi à temps plein. «Ce sont souvent des personnes qui ont des problèmes d’alphabétisation, par exemple, mais qui n’ont pas de handicap clair. Qui va embaucher ces personnes-là?» se questionne-t-elle.

Du côté de l’Institut économique de Montréal (IEDM), on considère que l’étude est assez faible, puisqu’elle ne tient pas compte des derniers développements en matière d’aide sociale. Youri Chassin, économiste et coordonnateur de la recherche de l’IEDM, souligne que la note de l’IRIS ne fait pas mention de la prime au travail, instaurée en 2008 par le gouvernement du Québec. Il s’agit d’une incitation pour les gens les plus démunis à travailler et à recevoir ainsi une bonification du revenu. «Il y a toutes sortes de programmes d’aide pour ceux qui en démontrent la volonté. Donc augmenter les prestations d’aide sociale, c’est un peu mettre un plaster sur la plaie», résume-t-il.

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