Débat des chefs: Couillard sur la défensive
QUÉBEC — D’entrée de jeu, le premier ministre Philippe Couillard s’est retrouvé sur la défensive, jeudi soir, durant le débat des chefs, alors qu’il a été attaqué sur son bilan en santé par le chef péquiste Jean-François Lisée et le chef caquiste François Legault.
M. Couillard souffre d’un «grand déficit de compassion», a clamé M. Lisée, en dénonçant les coupes dans les soins à domicile répertoriées dans un rapport de la Protectrice du citoyen.
«Vous êtes responsable de la dégradation des soins à domicile», a accusé M. Lisée, avec aplomb, en s’adressant au chef libéral.
François Legault est passé à l’attaque lui aussi pour déplorer la situation faite aux personnes âgées dans les Centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) dans le gouvernement Couillard. Le bilan libéral est «honteux», selon M. Legault, déplorant les lacunes dans les soins d’hygiène disponibles pour les aînés vivant en CHSLD, sans compter «les patates en poudre» qu’on leur sert.
M. Couillard a répliqué en disant qu’il avait développé les soins à domicile, ouvert des supercliniques pour désengorger les urgences, puis il a rappelé qu’il voulait engager 1000 préposés de plus, qui seraient mieux payés.
Le chef du Parti libéral du Québec (PLQ), Philippe Couillard, le chef du Parti québécois (PQ), Jean-François Lisée, le chef de la Coalition avenir Québec (CAQ), François Legault, et la porte-parole de Québec solidaire (QS), Manon Massé, ont croisé le fer durant 2h15.
Animé par Patrice Roy, le débat des chefs, parfois cacophonique, était diffusé sur les ondes de Radio-Canada et ses partenaires.
L’enjeu de l’immigration a provoqué quelques flammèches entre le chef libéral et le chef caquiste. M. Couillard est passé à l’attaque en associant M. Legault à quatre reprises à une stratégie «d’expulsion» des immigrants.
«N’ouvrons pas la porte de l’expulsion», a lancé M. Couillard.
«Vous semez la confusion», a-t-il ajouté à l’intention de M. Legault, en parlant des tests de français et des tests de valeur qui seraient imposés par la CAQ aux nouveaux arrivants avant d’être acceptés au Québec.
En éducation, François Legault a reproché au premier ministre Couillard d’avoir sabré dans les budgets consacrés aux enfants ayant des difficultés d’apprentissage. «Je ne vous pardonnerai jamais ça», a-t-il dit.
Sur la question des services de garde, le chef péquiste a ramené le slogan qui était défendu par l’ex-première ministre Pauline Marois: «Un enfant, une place» en Centre de la petite enfance (CPE). Il s’est engagé à développer le réseau des CPE, s’il prend le pouvoir.
Il n’a pas évacué l’option de son parti, en rappelant que s’il est élu, le scrutin suivant, en 2022, porterait sur l’indépendance du Québec.
Quant à lui, François Legault a dit qu’il tenterait d’aller «chercher des pouvoirs par morceau» à Ottawa, s’il devient premier ministre.
Des quatre chefs, M. Legault était le plus expérimenté, étant rendu à son troisième débat du genre. M. Couillard en était à son deuxième débat, mais le premier dans la peau d’un premier ministre sortant, tandis que c’était une première expérience pour M. Lisée et Mme Massé.
Cette dernière est demeurée un peu en retrait durant le débat, n’utilisant pas la totalité du temps qui lui était imparti.
Mais elle a défendu avec fougue sa position favorable à la hausse du salaire minimum à 15 $ et elle a estimé que la question de l’environnement était trop peu présente durant la campagne, alors qu’on «tue la planète».
Selon elle, ses adversaires «n’ont pas de vision, ils ne rêvent pas».
À leur arrivée sur les lieux, en début de soirée, les leaders politiques ont été accueillis par quelques centaines de manifestants, dont de nombreux militants écologistes venus réclamer aux chefs qu’ils signent une déclaration d’urgence climatique. Deux d’entre eux ont accepté l’invitation: Jean-François Lisée et Manon Massé.
Il s’agit du premier de trois débats des chefs durant la présente campagne. Le deuxième suivra lundi prochain, en anglais, et le troisième se tiendra en français à TVA le jeudi 20 septembre.
Cherchant à éviter les longs discours, Radio-Canada a choisi de privilégier une formule qui laisse le plus de place possible aux échanges entre les chefs, tout en permettant au public de poser des questions en direct aux leaders politiques.
Durant la soirée, quatre grands thèmes étaient au menu: 1. la santé, 2. l’éducation, 3. l’économie et l’environnement, 4. l’identité, l’immigration et la question nationale.