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La patronne de Radio-Canada associe Netflix au colonialisme

President and CEO of CBC/Radio-Canada Catherine Tait looks on during a press conference in the foyer of the House of Commons on Parliament Hill in Ottawa on April 3, 2018. THE CANADIAN PRESS/Sean Kilpatrick Photo: Sean Kilpatrick/La Presse canadienne
Mélanie Marquis, La Presse canadienne - La Presse Canadienne

OTTAWA — La grande patronne de CBC/Radio-Canada, Catherine Tait, a établi un parallèle entre la domination de Netflix au Canada et l’Empire britannique, ainsi que la Françafrique.

La pdg du diffuseur public y est allée de cette analogie lors de sa participation à un panel organisé dans le cadre d’un événement de l’Association canadienne des producteurs médiatiques, jeudi dans un hôtel d’Ottawa.

«Je vais m’éloigner un peu de mon texte… parce que je pensais à l’Empire britannique, et comment, si vous étiez là et que vous étiez le vice-roi de l’Inde, vous aviez l’impression que vous ne faisiez que du bien pour les gens de l’Inde», a-t-elle exposé en anglais.

«Ou, similairement, si vous étiez en Afrique française, vous pensiez: « Je les éduque, leurs ressources se retrouvent à travers le monde, et je les aide ». Il y eut un temps où l’impérialisme culturel était totalement accepté», a enchaîné Mme Tait.

Mais l’histoire a montré à quel point l’impérialisme «peut faire du tort aux communautés locales», et c’est la raison pour laquelle les Canadiens doivent demeurer vigilants face à l’arrivée de multinationales au pays, a-t-elle conclu.

La dirigeante de CBC/Radio-Canada a tenu ces propos sous le regard du directeur des politiques publiques pour Netflix au Canada, Stéphane Cardin, qui participait aussi à cette discussion.

Le représentant du géant américain de la diffusion en ligne a semblé hocher la tête en entendant cette déclaration.

Il a refusé de commenter ces déclarations lorsque La Presse canadienne s’est entretenue avec lui, jeudi après-midi.

Images de Lac-Mégantic

Par ailleurs, Netflix n’a pas souhaité offrir de réaction à la motion adoptée en début de semaine par le Parlement du Canada concernant l’utilisation d’images de la tragédie de Lac-Mégantic.

En plus de réclamer le retrait de ces séquences, que l’on voit notamment dans le film «Bird Box», la motion réclame le versement d’un dédommagement financier à la communauté.

«Nous n’avons pas de commentaire à ce sujet, désolé», a écrit dans un courriel un porte-parole de l’entreprise.

«Si cela peut être utile à votre article, je vous fais suivre notre réponse à la ministre de la Culture Nathalie Roy», a-t-il ajouté.

La ministre québécoise de la Culture avait écrit à Netflix pour s’insurger de l’utilisation des images de la tragédie ferroviaire qui a fauché 47 vies, et demander leur retrait.

L’entreprise n’a pas accédé à cette demande, mais a présenté ses excuses et plaidé qu’à l’avenir, elle ferait mieux.

Son directeur des politiques publiques pour le Canada, Stéphane Cardin, s’est refusé à tout commentaire, sauf pour réitérer ces éléments.

«Quelle honte! Incroyable! Pitoyable!», s’est insurgé le député Pierre Nantel, qui est à l’origine de la motion approuvée mardi aux Communes.

«Netflix n’a même pas la colonne vertébrale pour retirer ces images-là… qu’on ne vienne pas me faire accroire que c’est compliqué, là!», a-t-il tonné en entrevue.

Le temps est maintenant venu pour le ministre du Patrimoine, Pablo Rodriguez, de se «tenir debout», a exhorté l’élu néo-démocrate.

Au bureau du ministre, on n’a pas voulu dire si des mesures pourraient être mises en oeuvre pour convaincre Netflix de réagir aux éléments spécifiques de la motion.

Celle-ci n’a aucune portée contraignante.

Libellé de la motion

Que la Chambre des communes:

a) dénonce l’utilisation d’images de la tragédie de Lac-Mégantic dans des oeuvres de fiction;

b) exige que Netflix inc. retire de son catalogue de fiction toute image de la tragédie de Lac-Mégantic, qui a coûté la vie à 47 personnes, et;

c) exige que Netflix inc. compense financièrement la communauté de Lac-Mégantic pour avoir utilisé ces images à des fins de divertissement, sans égards pour le traumatisme vécu par les citoyens, les survivants, et les proches des victimes.

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