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Bonne Saint-Jean!

Frédéric Bérard

J’ai eu la chance, au printemps­, de présider les consultations nationales entourant la réforme de la Loi sur les langues officielles. Une belle épopée m’ayant permis d’aller à la rencontre des francophones hors Québec, d’entendre leurs griefs, propositions, critiques et appréciations.

Parce qu’au-delà des recensements et autres décisions judiciaires, des hommes et des femmes luttent fièrement en milieu minoritaire. Des gens qui se cassent en deux bon an mal an pour assurer la pérennité de leur langue maternelle. Qui n’ont eu de cesse de nous rappeler, lors desdites consultations, leur frustration quant aux propos de Denise Bombardier, ceux-là même où la polémiste prévoyait leur mort prochaine ou consommée. Un peu à la René Lévesque qui, alors premier ministre, les avait qualifiés de dead ducks. Un peu à la Yves Beauchemin qui, plus stylé, les ravalait au rang de «cadavres encore chauds».

Me rappellerai jusque dans ma tombe le témoignage­ de cet Albertain, trémolo dans la voix, clamant que ses racines francophones avaient pris naissance il y a maintenant… six générations­. Et qui ne demandait qu’une chose: un peu de soutien.

Aussi abject que loin de la réalité. Parce que ces communautés, résilientes, sont bien en vie et prêtes à poursuivre la lutte. Notamment d’un point de vue judiciaire, grâce à la charte canadienne, celle qui leur assure, par l’entremise des droits éducationnels prévus, de forcer les gouvernements provinciaux à leur construire des écoles primaires et secondaires en quantité substantielle. Idem, dans une moindre mesure, pour les commissions scolaires gérées et contrôlées entièrement par les parents francophones. Pas sûr? OK. Combien d’écoles francos en Alberta en 1990? Réponse : trois. Aujourd’hui? 46. Tout ça en moins de 30 ans. Parions, et il est aisé de le faire, que ces écoles créeront justement des petits. Tout comme les lois sur les services en français maintenant adoptées par six provinces.

Autre donnée d’intérêt : vous saviez qu’il existe des regroupements de parents anglophones souhaitant envoyer leurs enfants dans les écoles francos? Ces mêmes lobbys vont même, plutôt fréquemment d’ailleurs, jusque devant les tribunaux à cet effet. Combien d’enfants anglos en immersion française, actuellement? 450 000. Commence à faire du monde. Tellement que les écoles et les programmes débordent, un peu partout au pays. À un point tel que le ministre de l’Éducation de la Colombie-Britannique devait confier à un de nos panélistes : «ma seule difficulté est actuellement d’embaucher suffisamment de profs de français langue maternelle.»

Avis aux intéressé. es.

Et à ceux qui plaident, en bons douchebags, que «les francos d’ailleurs ont juste à venir vivre au Québec s’ils veulent vivre en français», ces derniers répliquent justement que non, ils ne sont pas québécois et n’aspirent pas à l’être. Parce qu’ils ont développé une culture leur étant propre. Me rappellerai jusque dans ma tombe le témoignage de cet Albertain, trémolo dans la voix, clamant au micro que ses racines francophones ont pris naissance il y a maintenant… six générations. Et qui ne demandait qu’une chose : un peu de soutien, sinon de la sympathie, de la part du gouvernement québécois.

Parce que depuis 1982, ce même gouvernement s’est fait un plaisir d’aller planter, devant le plus haut tribunal du pays, les francos hors Québec à… trois reprises (1990, 1999, 2015). Sans jamais les appuyer en retour.

Chapeau toutefois à la nouvelle ministre en charge, la brillante Sonia LeBel. Un Sommet sera organisé en 2020 par sa gang, notamment son dynamique et novateur chef de cabinet, Marc-André Ross, afin de rassembler les troupes autour d’un objectif dorénavant commun : le foisonnement du fait français au pays. Enfin.

Et pourquoi bonne Saint-Jean, dans le titre? Parce qu’il s’agit, encore aujourd’hui, de la fête de tous les francophones d’ici et d’ailleurs en Amérique. Je dis ça de même.

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