Pas de deuxième Saint-Valentin
Hier, partout dans le monde, on soulignait la Journée internationale des droits des femmes. À ceux et à celles qui utilisent l’appellation «Journée de la femme», il est crucial de préciser que ce raccourcissement du nom fait abstraction de l’importance de cette journée mondiale.
Le 8 mars m’apporte toujours beaucoup de questionnements sur les avancées réelles et l’impact qu’on peut avoir collectivement. Cette année ne fait pas exception. Je suis d’autant plus troublée de constater à quel point les femmes sont encore majoritairement victimes de crimes dits «passionnels» et de violence conjugale.
Cela nous met en face de notre incapacité à prendre les mesures pour lutter adéquatement contre ce fléau et protéger les femmes.
Le 8 mars, on ne CÉLÈBRE pas la Journée internationale des droits des femmes. On la SOULIGNE. Et on ne célèbre pas LA femme. LA femme en tant que groupe homogène n’existe pas.
Nous avons des combats communs, certes, mais nous avons également des luttes particulières qui méritent d’être considérées de manière spécifique.
Ça peut paraître insignifiant à certains, mais la distinction est primordiale. Réduire la terminologie entourant cette journée contribue à «invisibiliser» les enjeux et surtout à en faire une journée commerciale qui nous pousse à détourner notre attention des vrais problèmes.
Cette journée n’est pas une journée marketing à l’instar de la Saint-Valentin.
Cette journée n’est pas une journée marketing à l’instar de la Saint-Valentin.
Rien ne sert d’envoyer des roses ou d’écrire des messages d’amour à votre douce moitié.
L’aspect militant doit reprendre le dessus sur le virage commercial amorcé pour noyer les revendications.
Ça me fait penser à l’initiative du collectif les «colleuses» qui, pour la Saint-Valentin, ont tapissé les murs de Quimper (petite commune du nord-ouest de la France) du message «Les roses n’effacent pas les bleus». La célébration ne noie pas les cris et les souffrances qui perdurent.
Sincèrement, l’heure n’est pas à la célébration. Les constats quant aux droits des femmes sont encore très alarmants.
La perspective féministe et militante est intrinsèquement liée à cette journée et doit demeurer au premier rang.
On tente de nous faire croire au mythe de l’égalité déjà atteinte, mais on en est très loin. Il y a une égalité de droits, certes, mais dans les faits, les discriminations, les inégalités et les violences sont toujours trop présentes.
Selon des recherches, les femmes assument majoritairement la charge mentale associée à la famille et au foyer, et ce sont elles qui jonglent avec les différentes sphères de la conciliation famille-travail.
Elles sont moins nombreuses dans les lieux décisionnels.
Elles ne réussissent pas à briser le plafond de verre, et ce, même si elles ont autant de compétences que leurs pairs masculins.
Elles subissent encore trop de violence au travail et dans l’espace public, et le harcèlement sexuel est leur lot quotidien.
Les écarts salariaux entre les femmes et les hommes subsistent, malgré les revendications et les luttes pour l’équité salariale.
La Journée internationale des droits des femmes est un moment de réflexion qui nous permet d’observer les acquis en matière de droits des femmes et qui nous oblige à nous questionner sur le chemin qu’il reste à parcourir en matière d’égalité.
On devrait utiliser ce jour pour partager nos témoignages afin qu’on se souvienne, au fil des 364 autres journées de l’année, que le combat est loin d’être fini.