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Coronavirus: la PCU cause des maux de tête à de nombreux travailleurs

Un commerce vacant sur l'avenue Mont-Royal est
Un commerce vacant sur l'avenue Mont-Royal est Photo: Josie Desmarais/Métro

Problèmes techniques, travailleurs exclus, ajustements qui arrivent au compte-gouttes: la Prestation canadienne d’urgence (PCU) cause des maux de tête à des milliers de citoyens qui ont été plongés dans une situation financière précaire en raison de la crise du coronavirus.

Cette aide financière était attendue de pied ferme. À preuve, à 15:00, lundi, plus de 532 000 demandes avaient été retenues par l’Agence du revenu du Canada (ARC). Cette dernière a indiqué avoir traité environ 1000 demandes par minute pendant la journée.

Par ce programme, Ottawa offre 2000$ par mois pendant un maximum de quatre mois aux employés et aux travailleurs autonomes qui se retrouvent sans revenu en raison de la crise du coronavirus.

Accès restreint

Dans sa forme actuelle, cette aide financière demeure toutefois inaccessible à des milliers de personnes. Il exclut notamment les employés à temps partiel qui ont connu une réduction de leur temps de travail et ceux qui ont quitté leur emploi volontairement par crainte de contracter le coronavirus.

«Si tu as arrêté de travailler parce que tu craignais d’attraper la maladie ou que tu as des personnes vulnérables à la maison, tu n’as pas le droit à la PCU», illustre à Métro le porte-parole du Conseil national des chômeurs et chômeuses, Pierre Céré. 

«J’ai plein d’artistes autour de moi qui se demandent comment ils vont être aidés. Ils n’ont pas eu de contrats pendant l’hiver et là, ils s’attendaient à avoir des contrats à l’été, ce qui n’est pas le cas», souligne pour sa part Laurence Laprise, qui oeuvre dans le secteur culturel à Montréal.

De nombreux citoyens ont aussi fait part à Métro de problèmes techniques dans l’obtention de leur code d’accès pour faire une demande à la PCU, leur compte à l’ARC ayant été verrouillé. Pour corriger cette situation, Mme Laprise aurait récemment passé «12 heures» sur la ligne téléphonique de l’ARC.

Ajustements à la PCU

Lundi, le premier ministre Justin Trudeau a convenu que certains Canadiens étaient tombés entre les mailles du filet.

«Je sais que certaines personnes ont besoin de soutien et ne sont pas encore admissibles. Si vos heures de travail ont été réduites – par exemple, à dix heures par semaine ou moins –, nous allons bientôt annoncer comment vous pourrez toucher la Prestation canadienne d’urgence», a-t-il affirmé lors de son point de presse quotidien.

Des ajustements qui n’incluent pas tous les «exclus» du programme, comme les travailleurs saisonniers affectés par cette crise, évoque M. Céré.

Les demandeurs à la PCU doivent par ailleurs avoir eu des revenus de plus de 5000$ l’an dernier, ce qui exclut plusieurs personnes. C’est le cas de l’étudiante au doctorat en économie de la santé Dominique Baril-Tremblay. Cette dernière a utilisé ses «économies» l’an dernier pour se «concentrer sur [sa] thèse».

«Je comptais me trouver un emploi à l’automne, donc maintenant», souligne-t-elle. Or, les contrats de surveillance de cours et d’examens sur lesquels elle comptait ont été annulés. 

À cet égard, le gouvernement Trudeau a annoncé lundi que les étudiants affectés par la crise du coronavirus pourront bénéficier de la PCU. Des détails à cet effet devraient être divulgués dans les prochains jours.

«On espère que personne ne sera oublié et finira à la rue.» -Philippe Lebel, président de l’Union des étudiants du Québec

Les pompiers écoutés

Dans son allocution, le premier ministre Trudeau a aussi mentionné la situation des pompiers volontaires. Dans les derniers jours, l’Association des chefs en sécurité incendie du Québec a déploré que des pompiers à temps partiel pourraient se retrouver pénalisés en continuant à travailler pendant la crise du coronavirus.

Contacté par Métro, son directeur général se réjouit que le premier ministre s’intéresse à la situation de ses membres. Il continue toutefois à craindre que plusieurs d’entre eux décident de rester à la maison pour bénéficier de la PCU si Ottawa n’applique pas les ajustements annoncés rapidement.

«Aujourd’hui, c’est le début des inscriptions et il y a encore beaucoup d’inquiétudes», note Sylvain Mireault.  

-Avec François Carabin, Métro 

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