Prix gonflés: QS veut un espace pour dénoncer les commerces «profiteurs»
Québec solidaire veut mettre un terme au gonflement des prix des produits essentiels, dans la foulée de la crise du coronavirus. Le parti somme le gouvernement Legault de créer le 1-866-ARNAQUE, une ligne dédiée à la dénonciation citoyenne de ces pratiques frauduleuses, ainsi qu’un site web y étant réservé.
«On demande au gouvernement d’être aussi sévère envers les entreprises voyous qu’il ne l’est déjà avec les citoyens pour les consignes de distanciation. Il n’y a aucune raison de donner une freeride aux entreprises qui profitent de la situation», explique le co-porte-parole de la formation, Gabriel Nadeau-Dubois, en entrevue à Métro.
L’élu provincial ajoute qu’il faut envoyer un «message clair» aux compagnies qui seraient tentées de gonfler artificiellement leurs prix. Il suggère l’imposition d’amendes salées aux récalcitrants, et propose de publier la liste des coupables pour affecter leur réputation publique. Dans les dernières semaines, des pharmacies montréalaises avaient d’ailleurs été dénoncées pour une augmentation fulgurante du prix de certains produits.
D’ailleurs, l’Office de la protection du consommateur (OPC) serait l’institution «toute désignée» pour superviser pareil système, croit Québec solidaire.
«Je veux être clair: on ne parle pas de punir des commerces qui sont solidaires, ou qui chargent un ou deux dollars supplémentaires pour pallier les problèmes d’approvisionnement. La plupart d’entre eux participent à l’effort collectif. Ici, on parle de pratiques abusives, de prix multipliés par 10 sans aucune raison valable derrière», tonne le député de Gouin.
«Des témoignages de commerçants qui profitent de la pandémie en ce moment, il y en a partout sur les réseaux sociaux. Et ce n’est pas du tout acceptable.» -Gabriel Nadeau-Dubois
Le gonflement des prix en Ontario
L’Ontario, pour sa part, s’est déjà mobilisée à cet égard. Fin mars, le gouvernement de Doug Ford implantait une nouvelle réglementation, par le biais d’un décret d’urgence, pour serrer la vis aux commerçants qui profiteraient de la crise pour gonfler le prix de certains articles.
Un formulaire web ainsi qu’une ligne téléphonique ont d’ailleurs été mis sur pied pour faciliter la dénonciation citoyenne. Déjà plus de 7000 plaintes ont été reçues par les autorités. «C’est la preuve que le phénomène existe, et qu’il faut agir rapidement pour y mettre fin. Sinon, on fait deux poids deux mesures», illustre M. Nadeau-Dubois.
«Je n’ai aucune tolérance pour ce genre de choses insensées. Nous allons vous pourchasser et vous arrêter.» -Doug Ford, premier ministre de l’Ontario, lors d’une mêlée de presse
Des amendes pouvant aller jusqu’à 100 000$, voire même une peine d’emprisonnement d’un an, seront notamment appliquées pour toute infraction. De lourdes sanctions financières de 500 000$ sont aussi prévues pour les propriétaires des groupes fautifs, et de 10 M$ pour l’entreprise en elle-même.
«J’invite la ministre de la Justice à s’inspirer de l’Ontario et à agir avec fermeté contre les prix gonflés. Si on est sévère avec les citoyens qui ne respectent pas les consignes de distanciation, il faut l’être aussi avec les entreprises profiteuses», renchérit M. Nadeau-Dubois.
Québec en «analyse»
Appelée à réagir, la ministre de la Justice, Sonia Lebel, dit elle aussi trouver «inacceptable» que des commerçants utilisent le contexte de la pandémie «pour augmenter leur marge de profit sur le dos des consommateurs québécois».
«On analyse présentement les différentes options et moyens d’action à notre disposition. Ces comportements doivent cesser», ajoute-t-elle.
L’OPC relève du ministère de la Justice au Québec.