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Coronavirus: les Québécois moins stressés et mieux informés que le reste du Canada

Santé mentale
Le prolongement de la période de confinement a occasionné des défis pour le maintien d'une bonne santé mentale. Photo: Gerd Altmann/Pixabay

Les Québécois sont beaucoup moins stressés par la pandémie de coronavirus qu’ailleurs au pays, révèle une enquête de l’Université de Sherbrooke (UdeS) parue mercredi. Si plus du quart des Canadiens (28,8%) avouent combattre une anxiété «généralisée» depuis le début de la crise, ce chiffre n’atteint que 14,2% pour les citoyens de la province.

«Ce qui est préoccupant avec les données recueillies, c’est qu’elles nous confirment que les Canadiens sont affectés psychologiquement de manière importante par la pandémie. Il sera capital de suivre l’évolution de ces impacts psychologiques. Il faut adapter le soutien offert en conséquence», explique la docteure et professeure en santé publique Mélissa Généreux, l’une des auteures de l’étude.

Réalisée entre le 8 et le 11 avril auprès de 600 répondants, l’enquête démontre également que 27,5% des Canadiens «hors-Québec» souffriraient d’un trouble de stress post-traumatique lié à la pandémie. Au Québec, ce chiffre demeure plus marginal, sous la barre des 20%.

Aux yeux de Mme Généreux, c’est la confiance envers les autorités qui expliquerait «ces différences psychologiques». Alors qu’au Québec, la moitié des citoyens (49,6%) disent avoir un niveau de confiance «très élevé» en le gouvernement de François Legault, le reste du Canada est plus mitigé. À peine un quart des personnes sondées font confiance aux autorités. D’ailleurs, une forte majorité des Québécois (88,6%) se soumettent entièrement aux mesures de confinement, alors qu’au Canada, moins de 75% des répondants le font.

L’effet des «fake-news» moins marqué au Québec?

Les résidents du Québec jugent en forte majorité (83,7%) qu’ils ont «toute l’information nécessaire» pour bien comprendre les tenants et aboutissants de la COVID-19. Dans le reste du Canada, toutefois, moins du deux-tiers des répondants affirment pouvoir faire le même constat. L’étude note au passage que «plusieurs semblent aussi croire à diverses théories du complot et fausses nouvelles, ce qui peut accentuer les facteurs de stress».

«On peut déduire que minimalement une personne sur dix au Canada fait une lecture complotiste de la pandémie actuelle.» -Marie-Eve Carignan, chercheure à l’UdeS, qui co-signe également le rapport.

Spécialiste en communication de crise, Mme Carignan est catégorique. «Les réponses associées au complot sont liées les unes aux autres. Elles forment une conviction organisée, marquée par la méfiance à l’endroit de la science et des autorités gouvernementales», lâche-t-elle.

Plus de 52% des Canadiens se disent «conscients» d’avoir été exposés à une fausse nouvelle au sujet du coronavirus. Près de 40% d’entre eux affirment que leur gouvernement «cache des informations importantes», alors que 15% ajoutent que l’industrie pharmaceutique «est impliquée» dans la propagation de la COVID-19.

Parents et enfants angoissés par le coronavirus?

Des données de la Fondation Jasmin Roy publiées mercredi contrastent légèrement avec l’étude de l’UdeS. On y apprend que plus de la moitié (56%) des parents québécois estiment que l’état «psychologique et émotionnel» de leurs enfants s’est détérioré depuis le début de la crise.

Selon la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), ces chiffres traduisent des inquiétudes «réelles et légitimes», qui appellent à plus de ressources.

«On ne doit surtout pas sous-estimer ces statistiques. Que si les écoles rouvrent d’ici la fin de l’année ou à l’automne, ça va prendre plus de services et de ressources. Il y a des enfants qui vivent cette crise comme un réel traumatisme.» -Sylvaine Malette, président de la FAE

Jasmin Roy, le président de la fondation du même nom, abonde dans le même sens. «C’est extrêmement préoccupant. La crise a eu un impact majeur sur les Québécois dans l’ensemble et sur les jeunes en particulier», souligne-t-il. Le Québec devra selon lui «offrir rapidement une panoplie de stratégies pour soutenir les gens et les jeunes les plus touchés», dit-il, ajoutant que les services actuels «ne suffisent pas».

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