Relance économique: la Coalition verte met en demeure le gouvernement Legault
La Coalition verte a envoyé une mise en demeure au gouvernement Legault pour lui demander d’assurer la protection des milieux naturels dans son projet de loi 61 sur la relance économique. Une demande qui survient alors que de nombreux organismes environnementaux jugent insuffisants les amendements mis de l’avant par Québec dans les derniers jours.
Le temps presse pour la Coalition verte alors que Québec espère convaincre aujourd’hui les députés de l’Assemblée nationale d’adopter ce projet de loi omnibus. Ce dernier vise à accélérer la réalisation de 202 projets immobiliers et d’infrastructures. Cette liste inclut notamment construction d’écoles, de CHSLD, de même que la reconstruction de ponts et la réalisation de projets de transport en commun, comme le prolongement de la ligne bleue du métro.
Mise en demeure
Dans une mise en demeure adressée au ministre de l’Environnement, Benoit Charette, l’organisme se dit conscient de l’importance d’assurer la relance économique. Il déplore toutefois que ce projet de loi autorise certaines entorses à la Loi sur la qualité de l’environnement. La Coalition verte craint notamment que des promoteurs n’aient qu’à offrir une compensation financière à Québec pour réaliser un développement dans les habitats de la faune et de la flore ou dans un milieu humide.
«Le ministre a le droit de décider de façon arbitraire le prix pour la destruction de l’environnement», déplore en entrevue à Métro le porte-parole de l’organisme, Campbell Stuart. Ce dernier craint aussi que le gouvernement n’accorde trop rapidement des autorisations à des promoteurs, sans tenir compte de tous les enjeux environnementaux de leurs projets.
«Les aspects qui nous inquiètent, c’est toute la monétisation des milieux naturels. Il y a un risque derrière ça», soulève également le responsable des affaires publiques à la Fondation David-Suzuki, Diego Creimer.
«Est-ce qu’on va aller en mode accéléré dans des milieux qui devraient être bien analysés et protégés? C’est ça notre crainte.» -Diego Creimer, responsable des affaires publiques à la Fondation David Suzuki
Amendements insuffisants
Devant la grogne d’organismes et des partis d’opposition, le gouvernement Legault a proposé jeudi certains amendements à son projet de loi dans les derniers jours. Sur le plan environnemental, ceux-ci sont toutefois jugés insuffisants par plusieurs.
«D’un point de vue environnemental, les amendements proposés sont loin d’être suffisants. Ils sont quasi-cosmétiques. C’est loin de répondre aux demandes des groupes environnementaux», martèle le responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace, Patrick Bonin.
La Coalition verte, qui obtient le soutien financier du Fonds d’héritage pour l’environnement, n’écarte d’ailleurs pas la possibilité de poursuivre le gouvernement, s’il adopte ce projet comme tel.
Au moment de mettre en ligne, le cabinet du ministre de l’Environnement n’avait pas répondu aux questions de Métro.
Les villes appuient le PL61
Dans un communiqué publié en soirée, jeudi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a invité les parlementaires à prolonger la session à l’Assemblée nationale pour arriver à une entente sur le projet de loi 61 avant l’été.
«Ce projet de loi est nécessaire afin d’accélérer la réalisation de projets d’infrastructures névralgiques pour Montréal et le Québec, alors que la métropole amorce un rattrapage historique en matière de transport collectif», a indiqué la mairesse Plante dans le communiqué de l’Union des municipalités du Québec (UMQ).
En plus de l’UMQ et de la Fédération québécoise des municipalités, plusieurs associations du milieu des affaires de même que le Conseil du patronat du Québec pressent aussi les élus de l’Assemblée nationale d’adopter ce projet de loi afin d’accélérer la relance de l’économie de la province.
Les députés québécois s’étaient quittés jeudi dans un cul-de-sac. Les trois groupes d’oppositions avaient refusé d’adopter le principe du projet de loi. Les débats ont depuis repris à Québec sur cette pièce législative, dont l’adoption pourrait avoir lieu aujourd’hui.
Avec la collaboration de François Carabin, Métro