Discorde autour du plan québécois de lutte aux changements climatiques
Un plan «gênant», «sans ambition» qui «augure mal»: les groupes d’opposition à l’Assemblée nationale demandent au gouvernement de déposer au plus vite son «plan vert» de lutte aux changements climatiques, afin d’y apporter les changements nécessaires. Le ministre de l’Environnement maintient que le document n’en est pas à sa version finale.
Le quotidien La Presse a obtenu jeudi une version préliminaire de ce Plan d’électrification et de changements climatiques. Au début des consultations, en 2019, Québec avait annoncé en grande pompe qu’il publierait ce plan d’action en mars.
Pandémie oblige, le dépôt du document a été repoussé à l’automne. Mais selon les calculs de La Presse, le plan tel que présenté à l’heure actuelle permet l’élimination de 16,5 mégatonnes de gaz à effets de serre d’ici 2030. C’est plus de 10 mégatonnes de moins que les objectifs émis dans l’accord de Paris sur le climat.
C’est en colère que les oppositions provinciales se sont présentées à l’Assemblée nationale, jeudi, dans le cadre de l’étude article par article du projet de loi 44 sur le Fonds vert.
«J’ai perdu espoir. Je vois un ministre qui ne s’intéresse plus à l’environnement, qui est passif et au service des promoteurs», a martelé la porte-parole de Québec solidaire en matière d’environnement, Ruba Ghazal.
La version du plan qui a fait l’objet d’une fuite jeudi, est «complètement gênante» pour le gouvernement, a pour sa part tonné l’élu du Parti québécois Sylvain Gaudreault.
«Il va passer complètement à côté de la cible. Et de beaucoup», a ajouté le porte-parole péquiste en environnement.
Débat autour du dépôt
Jeudi, les partis d’oppositions ont en chœur demandé au gouvernement de déposer dès que possible le plan.
«Le Parlement est ici, à Québec. Si on veut faire notre travail, ça nous prend la pièce maîtresse», a ajouté M. Gaudreault.
L’opposition officielle demande elle aussi à la CAQ d’accélérer le pas.
«Le ministre brime le droit des parlementaires à pouvoir exercer correctement leur rôle», s’est insurgé le nouveau porte-parole en environnement du Parti libéral, Frantz Benjamin.
Le ministre de l’Environnement et de la Lutte aux changements climatiques, Benoit Charette, n’a pas consenti aux demandes des oppositions. Selon lui, la version du plan diffusée jeudi doit encore faire l’objet de modifications.
«Difficile de publier un document de travail qui n’est pas complété», a-t-il indiqué plus tard sur Twitter.
Ce n’est pas l’unique plan que Québec s’est engagé à déposer pour sauvegarder l’environnement. La stratégie du ministère de l’Environnement doit aussi présenter l’an prochain sa stratégie en développement durable.
La semaine dernière, le Commissaire au développement durable du Québec, Paul Lanoie, a d’ailleurs critiqué l’exécutif pour les délais enregistrés dans le dépôt de cette autre stratégie.