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Changements climatiques: des médecins pressent Ottawa d’atteindre ses cibles pour «sauver des vies»

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Photo: iStock

Alors que le pays procède à son déconfinement, une association de médecins presse Ottawa de mettre les bouchées doubles dans l’atteinte de ses cibles en matière de lutte contre les changements climatiques afin de «sauver des vies».

Dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat, le Canada a pris l’engagement de réduire ses émissions de GES de 30% d’ici 2030, par rapport au niveau de 2005. Le premier ministre Justin Trudeau est ensuite allé encore plus loin lors de la dernière campagne électorale fédérale, l’automne dernier. Il a alors fait état de son intention de rendre le pays «carboneutre» en 2050, un engagement qu’a également pris la Ville de Montréal.

Or, constate l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME), Ottawa est en voie de rater ses cibles dans sa lutte aux changements climatiques.

«On s’est dit que dans le contexte de la relance économique où on veut investir dans la création d’emplois, on doit miser sur la transition énergétique dont on a besoin», indique à Métro la présidente de l’ACME et médecin résidente en médecine familiale à Montréal, Claudel Pétrin-Desrosiers.

Dans un rapport de 30 pages mis en ligne mardi, l’ACME émet donc plusieurs recommandations visant à permettre au gouvernement fédéral et aux provinces d’atteindre les cibles audacieuses fixées. Elle propose notamment d’accélérer l’implantation de bornes de recharge électrique près des tours immobilières et des autoroutes, de mettre en place un incitatif financier à l’achat d’un vélo électrique et de créer de nouvelles normes «zéro-émission» dans les immeubles résidentiels et commerciaux.

«On est dans la transition. Les décisions qui sont prises par le gouvernement ces mois-ci vont influencer les prochaines années et notre santé.» -Claudel Pétrin-Desrosiers, présidente de l’ACME

Un système de santé polluant

Le rapport recommande d’autre part de s’attaquer à la pollution émise par le système de santé, entre autres en y réduisant la production de déchets et le nombre d’examens et de traitements «non nécessaires».

«On estime que les soins de santé sont responsables de 4,6% des émissions totales de GES du Canada, générant en même temps annuellement plus de 200 000 tonnes d’autres polluants, ce qui entraîne une perte de 23 000 années de vie fonctionnelle pour des raisons d’invalidité ou de décès prématurés», souligne le rapport.

Une demande que partage la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ).

«Mes membres constatent qu’il y a beaucoup de déchets qui sont produits et qu’il y a peu de recyclage», confie à Métro la vice-présidente de la FIQ, Shirley Dorismond, qui fait état d’un gaspillage «énorme» dans les blocs opératoires des hôpitaux.

«On aimerait vraiment que le gouvernement finance des façons de réduire le nombre de traitements médicaux non-essentiels et potentiellement dangereux», demande-t-elle également.

Sauver des vies

Les changements climatiques ont d’ailleurs déjà plusieurs répercussions sur la santé des Canadiens. Le rapport souligne entre autres le nombre croissant de canicules chaque année, qui affectent notamment les personnes âgées. Les incendies de forêt peuvent aussi nuire aux personnes ayant des problèmes respiratoires, tandis que les risques accrus d’inondations peuvent contribuer à créer une forte anxiété chez de nombreux citoyens. Pendant ce temps, les tiques qui transportent la maladie Lyme gagnent du terrain au Québec.

«On a le potentiel de sauver des milliers de vies», affirme Mme Pétrin-Desrosiers. Selon les résultats d’une recherche de la firme Navius citée dans ce rapport, l’atteinte des cibles de réduction de GES pourrait permettre de sauver plus de 112 000 vies entre 2030 et 2050 en améliorant la qualité de l’air.

Le rapport établit aussi un lien entre la lutte aux changements climatiques et celle en cours contre la crise du coronavirus. «Les impacts de la pollution de l’air sur la santé comprennent diverses comorbidités, telles que l’asthme et le diabète, qui augmentent le risque de souffrir de symptômes sévères de la COVID-19», peut-on lire.

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