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Restrictions sanitaires: des internautes font des appels à peine voilés à la violence

Des élus de l'Assemblée nationale de Québec sont la proie de menaces de violence alors que Québec resserre les mesures sanitaires
L'Assemblée nationale, à Québec Photo: Getty Images | iStockphoto

Piqués par le passage en zone rouge et le resserrement des mesures sanitaires, des opposants aux consignes investissent les réseaux sociaux pour attaquer le gouvernement, allant jusqu’aux menaces de violence.

Lundi, le gouvernement de François Legault confirmait que les Québécois devraient se resserrer la ceinture dans le respect des mesures sanitaires. Québec, Montréal et Chaudière-Appalaches passeront au niveau d’alerte maximale. Les restaurants et les bars fermeront.

Le premier ministre souhaite aussi intervenir dans les manifestations si le port du masque fait défaut. Il évalue notamment le pouvoir d’intervention des corps policiers du Québec, que ce soit par des constats d’infractions ou autre.

Il n’en a pas fallu plus lundi pour attirer l’attention de personnes opposées aux nouvelles mesures restrictives de Québec. Dans un événement sur Facebook prévu pour le 10 octobre, un utilisateur du réseau s’identifiant comme «Alexandre Barry» appelle notamment au «siège du parlement» québécois.

Selon les informations révélées par l’internaute Xavier Camus, des Québécois font aussi des allusions à des actes violents dans des mème, des images web censées avoir un caractère humoristique.

Sur l’une de ces photos, on voit une femme charger un fusil automatique. «Au début, on a manifesté, on croyait vraiment en la démocratie. Au début…», peut-on y lire.

La Sûreté du Québec tient déjà ce type d’événement à l’oeil. Si le corps policier n’a pas répondu à nos demandes mardi, l’un de ses porte-paroles avait laissé entendre il y a deux semaines que les menaces par la voie du Web étaient en forte hausse.

De janvier à septembre 2019, la SQ a reçu 1000 signalements de moins que cette année.

«Bouc émissaire»

Au Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence (CPRMV), on a également remarqué un «climat fertile» aux propos menaçants depuis mars.

«On peut observer un phénomène de bouc émissaire. Si on retourne même à la Peste noire, on remarque que certaines personnes recherchent un coupable», analyse la directrice de l’éducation et du développement des compétences du CPRMV, Roxane Martel-Perron.

Codirecteur de l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent (OSR), David Morin convient que le mouvement d’opposition aux mesures sanitaires est en pleine «radicalisation».

«Ça ne s’est pas nécessairement accru, mais ça s’est durci. Comme souvent, quand on normalise un discours contestataire, ça s’accompagne de gens qui n’hésitent plus à tenir un discours beaucoup plus extrémiste», analyse celui qui est aussi professeur à l’Université de Sherbrooke.

Un cas d’exemple s’est d’ailleurs manifesté la semaine dernière quand un homme a tenté de procéder à l’«arrestation citoyenne» du journaliste Daniel Thibeault – confondu pour un député du Bloc québécois – et du chef néodémocrate Jagmeet Singh, illustre M. Morin.

«Il très probable que dans un mouvement aussi important qui se radicalise, des individus solitaires qui adhèrent à ces propos passent à l’acte. Surtout, et j’insiste, surtout dans un contexte d’anxiété généralisé.» – David Morin, codirecteur de l’Observatoire sur la radicalisation et l’extrémisme violent

Victimes directes

Dans un contexte de présence médiatique constante, les propos haineux «se retournent contre les élus», souligne Roxane Martel-Perron. Toujours selon l’inspecteur-chef de la SQ Guy Lapointe, les policiers ont dû traiter, de mars à septembre 2020, environ 300 signalements pour menace à l’endroit d’élus provinciaux. C’était 53 sur la même période l’année précédente.

La députée provinciale indépendante Catherine Fournier s’est fait un devoir cet automne de se pencher sur la question des menaces envers les représentants du pouvoir législatif. Ses réseaux sociaux «ne dérougissent pas», souligne celle qui a été la cible de plusieurs attaques.

À la mi-septembre, devant cette hausse des propos haineux, les élus de l’Assemblée nationale ont adopté à l’unanimité une motion de Mme Fournier qui condamnait la montée du discours haineux.

Aujourd’hui, l’élue de la Rive-Sud convient que certaines personnes ont atteint un «point de non-retour» dans leur processus de radicalisation. Pour les gens encore «sur la ligne», toutefois, Mme Fournier invite le gouvernement à mettre en oeuvre des solutions immédiates.

«Agir dans les écoles, ça serait assez urgent, suggère la députée. Si les jeunes reçoivent de l’information et entendent leurs parents parler de certains enjeux, ils peuvent leur partager ce qu’ils ont appris à l’école. On sait que les enfants ont une grande influence sur leurs parents. On le voit sur la question des changements climatiques.»

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