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Coronavirus: Québec pressé de ne pas négliger l’aide à domicile pendant la deuxième vague

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Photo: 123RF

Afin d’éviter que des milliers de personnes vulnérables «se retrouvent dans l’angle mort de la deuxième vague» du coronavirus, un collectif d’organismes et d’experts presse le gouvernement Legault de s’engager à ce que l’aide à domicile soit maintenue pendant toute la durée de la crise sanitaire.

Habituellement, plus de 147 000 personnes reçoivent des services de soutien à domicile, en bonne partie de la part de travailleurs du secteur privé ou d’entreprises d’économie sociale. La première vague du coronavirus, au printemps, a toutefois entraîné une réduction importante de l’aide à domicile offerte notamment à des personnes âgées en perte d’autonomie ou à des Québécois en situation de handicap.

«Il y a eu d’abord un délestage des services publics, au profit des CHSLD et des résidences pour aînés. Il y a eu également une diminution et même un arrêt des évaluations pour les nouveaux usagers [de l’aide à domicile] et des interventions, bien sûr, ont été retardées», a souligné mercredi le professeur titulaire au Département d’administration de la santé de l’École de santé publique de l’Université de Montréal, Réjean Hébert. Ce dernier a pris part à une conférence virtuelle en matinée à titre de porte-parole du Collectif Action COVID.

Ne pas «abandonner» l’aide à domicile

Ce nouveau regroupement d’experts et d’organismes entend proposer diverses solutions au gouvernement Legault afin de l’aider à faire face à la deuxième vague. Mercredi, il a misé sur l’importance de permettre aux personnes vulnérables qui demeurent à domicile de pouvoir continuer de recevoir l’aide dont ils ont besoin.

«Ces personnes ont été carrément abandonnées [pendant la première vague]. Elles se sont retrouvées sans service, avec bien sûr une détérioration de leurs conditions dans certains cas et un épuisement des proches aidants, qui ont dû redoubler d’ardeur pour compenser l’absence des services provenant de l’extérieur», a déploré M. Hébert.

Afin d’éviter une telle situation, M. Hébert demande donc que Québec s’assure de ne pas freiner l’accès des travailleurs aux domiciles privés pendant la deuxième vague.

«Ça veut dire maintenir les ressources humaines du réseau public sans délestage, poursuivre l’évaluation des nouveaux usagers et entreprendre les interventions nécessaires», a-t-il expliqué.

Actuellement, dans les régions au palier rouge, comme le Grand Montréal, les citoyens ne peuvent accueillir des visiteurs d’une autre adresse. Une exception s’applique toutefois pour les proches aidants et les personnes offrant de l’aide à domicile.

«Les services de soutien à domicile seront maintenus pour la clientèle», assure à Métro le cabinet du ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé. Celui-ci souligne d’ailleurs que Québec a déboursé des sommes importantes dans les dernières années pour faciliter l’accès aux soins à domicile.

«Dans un contexte de vieillissement important de la population, il devient impératif de développer cette offre de service essentielle», ajoute-t-il par écrit.

Conditions salariales inéquitables

Au cours des derniers mois, le gouvernement Legault a bonifié les conditions salariales des préposés aux bénéficiaires dans le réseau public. Le collectif appréhende donc que plusieurs travailleurs du secteur privé qui offrent des soins à domicile ne se tournent vers les CHSLD dans les prochains mois afin d’améliorer leurs conditions de travail.

«Il faut éviter qu’il y ait un délestage des entreprises d’économie sociale et des entreprises privées vers le réseau public, où les conditions sont meilleures», prévient Réjean Hébert. De meilleures conditions salariales dans le secteur de l’aide à domicile permettraient aussi de réduire les mouvements de personnel, estime le professeur, limitant ainsi les risques d’éclosions de coronavirus qui en découlent.

«Si on n’a pas des actions concrètes, encore une fois, on aura des gens qui vont se retrouver dans l’angle mort de la deuxième vague de la pandémie.» -Réjean Hébert, porte-parole du Collectif Action COVID

Aussi dans les résidences privées

Les résidences privées pour aînés (RPA) font aussi face à des défis de main-d’oeuvre, alors que plusieurs préposés aux bénéficiaires gagnent actuellement un salaire moins élevé que leurs collègues dans le réseau public. Une situation qui crée une pénurie de main-d’oeuvre dans les RPA, où plusieurs préposés n’auraient pas accès à la prime de 4$ de l’heure mise en place par Québec, selon un syndicat.

«Ça n’a pas de bon sens, on perd du monde dans nos résidences. Il y en a plusieurs qui migrent vers le secteur public ou qui changent carrément de conditions», affirme à Métro le représentant des centres d’hébergement privés à la FSSS-CSN, Gilles Gagné.

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