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Enquête sur les violences sexuelles en milieu collégial: silence et banalisation

Cégep Ahuntsic
«Le Collège Ahuntsic est un des cinq cégeps partenaires à avoir participé à l'enquête». Photo: Pablo Ortiz/Métro

Si le tiers du milieu collégial dit avoir été victime d’harcèlement, de comportements sexuels non désirés ou de coercition sexuelle, c’est plus de la moitié qui n’en ont jamais parlé à qui que ce soit. 

C’est ce qu’a dévoilé la recherche sur les violences sexuelles en milieu collégial du Projet intercollégial d’étude sur le consentement, l’égalité et la sexualité (PIECES).

L’enquête a été menée en novembre 2019 auprès de 6006 personnes étudiant ou travaillant dans l’un des cinq cégeps partenaires. 

Ces derniers étaient le Collège Montmorency, le Cégep de Jonquière, le Cégep de l’Outaouais, le Cégep de Sainte-Foy et le Collège Ahuntsic. 

Une personne sur trois victime de violence sexuelle

Selon les résultats de l’enquête, 35,9% des répondants ont vécu au moins une forme de violence sexuelle commise par une autre personne affiliée au cégep depuis leur arrivée dans l’institution.

Le harcèlement sexuel est la forme de violence la plus fréquente. Il s’agit de comportements non souhaités ou de commentaires insultants. 

La chercheuse principale de PIECES, Manon Bergeron, cite en exemples des sifflements, des regards intrusifs, ainsi que des histoires ou des blagues sexuelles à répétition.

Près de 30% disent avoir subi une forme de violence à caractère sexuel au cours des 12 derniers mois précédant l’enquête.

«Ces chiffres confirment que c’est loin d’être un phénomène rare et isolé», ajoute-t-elle.

Non-dénonciation

Le constat général sur le dévoilement et le signalement des événements de violence sexuelle est que le silence est encore bien présent.

En effet, plus d’une personne victime sur deux indique n’avoir jamais parlé des événements à quiconque.

Les données révèlent également un très faible recours aux instances ou aux ressources du cégep. Plus de neuf personnes victimes sur dix n’ont jamais dénoncé les gestes subis au cégep.

Les personnes victimes expliquent leur non-dénonciation par trois raisons, soit de croire que la situation n’est pas assez grave pour la signaler, de ne pas considérer les gestes comme du harcèlement ou une violence sexuelle et finalement de se sentir capable de gérer la situation par soi-même.

«Il est clair que les croyances qui minimisent ou banalisent certains gestes de violences sont encore bien présentes», affirme la chercheuse Andréa Szabo.

La ministre déléguée à l’Éducation et responsable de la Condition féminine, Isabelle Charest, s’est dite interpellée par la non-dénonciation. 

Elle estime qu’il y a encore énormément de travail à faire dans la sensibilisation et la non-acceptation des violences à caractère sexuel.

«Cette documentation va nous permettre d’orienter nos actions et d’arriver à travailler plus efficacement», a-t-elle souligné. 

Groupes ciblés

Par ailleurs, le sondage révèle que certains groupes sociaux sont plus susceptibles de subir de la violence sexuelle. 

Les femmes et les minorités de genre sont presque deux fois plus nombreuses que les hommes.

Les personnes appartenant aux minorités sexuelles ou dont l’orientation sexuelle est incertaine ou en questionnement sont aussi la cible de violences sexuelles. 

Finalement, les Autochtones ou les individus appartenant à une minorité visible en rapportent davantage pour la période des 12 derniers mois précédant l’enquête.

L’équipe PIECES souhaite que le rapport d’enquête soit un outil de sensibilisation pour l’ensemble des institutions collégiales et les organismes partenaires. 

 

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