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Exploitation sexuelle des mineurs: fronde contre le «client-abuseur»

L'Assemblée nationale
L'Assemblée nationale du Québec Photo: 123rf

En plus de protéger les victimes d’exploitation sexuelle mineures, Québec doit s’attaquer au «client abuseur». C’est là une des 58 recommandations faites au gouvernement par une commission transpartisane d’élus.

La Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle des mineurs déposait jeudi son rapport final, un an après avoir amorcé ses travaux. Si le groupe de députés s’est fait un devoir d’aborder la réalité des victimes, il a aussi décidé de tracer un portrait plus clair du client lui-même «puisque sans demande, l’exploitation n’existerait pas».

«Au cours de nos travaux, nous avons réalisé que le client demeure dans l’ombre: méconnu et rarement arrêté. Nous avons résolu de le placer au centre de l’attention», peut-on lire à l’intérieur du rapport.

Dans une première recommandation, la Commission demande donc l’investissement de fonds supplémentaire dans les programmes policiers de lutte au proxénétisme. Elle propose également l’implantation de nouvelles équipes «ciblant les clients-abuseurs», directement.

Le rapport renchérit. Les clients reconnus coupables devraient sans attendre être inscrits au Registre national des délinquants sexuels, indique-t-il. Des programmes de réadaptation doivent aussi être implantés, soutient la Commission.

Les yeux tournés vers Québec

C’est la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, qui jouera le rôle de porteuse de ballon du rapport au sein du conseil des ministres. Elle «entend bien donner des suites très concrètes à ce rapport», a-t-elle signifié plus tard, jeudi.

«Je veux assurer tout le monde que ce ne sera pas un rapport tabletté», a-t-elle ajouté, avant de dire qu’à «58 recommandations, on ne pourra pas tout faire en même temps». La ministre s’engage à implanter des actions concrètes d’ici à la fin du mandat caquiste.

Le gouvernement pourra-t-il implanter toutes les recommandations de la Commission? «Pourquoi pas?», s’est demandé le ministre des Affaires autochtones Ian Lafrenière lorsqu’abordé par quelques membres des médias, jeudi. Nouvellement nommé, il occupait un poste au sein de la Commission depuis 2019.

Il évoque d’ailleurs des annonces très bientôt.

«Attendez vous à des gestes concrets dans les prochaines heures.» – Ian Lafrenière, ministre des Affaires autochtones

Pour les victimes

Dans leur document, les députés de la commission recommandent au gouvernement de François Legault la mise en place d’un plan d’action plaçant la protection des victimes au rang de «priorité nationale».

À l’avenir, proposent-ils, le risque d’exploitation sexuelle devra être placé au centre du curriculum scolaire.

Le rapport recommande d’ailleurs «que le ministère de l’Éducation intègre un contenu […] spécifique à la prévention au cours d’éducation à la sexualité au primaire et au secondaire». Québec devra former les professeurs à ce sujet, ajoute-t-il.

Quelques recommandations supplémentaires

Le rapport de la Commission compte pas moins de 58 appels à l’action. En voici trois de plus:

  • Que les services de police augmentent les patrouilles mixtes, associant policiers et intervenants psychosociaux. Qu’ils misent sur une approche de type «police communautaire» centrée sur les victimes.
  • Que Québec modifie à la Loi sur l’aide aux personnes et aux familles d’accorder l’aide sociale aux victimes mineures d’exploitation sexuelle.
  • Que Québec impose aux établissements hôteliers et aux salons de massage érotique, notamment, l’obligation d’un affichage bien en vue rappelant le caractère criminel de l’achat de services sexuels.

– Avec la collaboration de Naomie Gelper

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