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BAPE: opposition historique à Énergie Saguenay

Le projet Énergie Saguenay prévoit acheminer par bateau le gaz naturel liquéfié dans le fjord du Saguenay.
Le projet Énergie Saguenay prévoit acheminer par bateau le gaz naturel liquéfié dans le fjord du Saguenay. Photo: 123RF

Plus de 9 mémoires sur 10 remis au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement dans le cadre de l’étude du projet d’Énergie Saguenay lui étaient défavorables. En fait, dans son histoire, jamais le BAPE n’a reçu autant de mémoires en opposition à un projet.

Ce sont les principales conclusions d’une compilation exhaustive de Métro sur les 2 533 mémoires fournis aux présidents de la commission publique sur le projet de GNL Québec. De ceux-ci, 2 315 posent un regard défavorable envers l’usine de liquéfaction du gaz. C’est un peu plus de 91 % du total.

L’étude par le BAPE du projet de l’entreprise GNL Québec est rapidement devenue la plus populaire de l’histoire de l’organisme d’évaluation indépendant. En 2007, quand il s’était penché sur le terminal méthanier Rabaska, qui devait s’installer à Lévis, il avait reçu un total de 700 mémoires, tant favorables que défavorables.

Sur les 2 533 mémoires reçus, 194 (8%) appuient le projet de GNL. Métro en a classés 24 comme «ambigus» ou «non-définitifs».

Mobilisation monstre

L’organisme Nature Québec avait invité les Québécois à la participation citoyenne en rendant disponible un modèle de mémoire pour les non-initiés du BAPE. Sa directrice générale, Alice-Anne Simard, s’attendait à une majorité des parties défavorables.

Elle a quand même poussé un «wow» bien senti en apprenant qu’elle s’élevait à plus de 91%, mardi.

«Ça traduit bien le sentiment qu’on avait. Il n’y a pas du tout d’acceptabilité sociale pour le projet», souligne-t-elle en entrevue.

Parmi les mémoires défavorables plusieurs dizaines proviennent d’associations étudiantes des quatre coins de la province. Dans le milieu étudiant, on évalue qu’au moins 300 000 étudiants ont exigé la fin d’Énergie Saguenay.

«On a remarqué qu’il y avait beaucoup de personnes qui n’étaient pas au courant du projet. On a essayé de mobiliser le plus possible», soutient Ashley Torres, membre de la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social (CEVES).

Le débat se transporte en chambre

En réaction à une pétition de 110 000 signatures contre le projet publiée mardi par Nature Québec, la co-porte-parole de Québec solidaire, Manon Massé, a demandé des comptes au gouvernement de François Legault, mardi.

«M. Legault se vante régulièrement de gouverner pour la majorité. Mais ce matin, j’espère qu’il a entendu la majorité», a-t-elle mentionné en chambre, à l’Assemblée nationale.

«Le premier ministre est le président du fan club de GNL Québec, mais aujourd’hui il est rendu pas mal tout seul de sa gang.» – Manon Massé, co-porte-parole de Québec solidaire

Pressé de promettre qu’il n’injecterait aucuns fonds publics dans Énergie Saguenay, M. Legault a acquiescé. «Le gouvernement du Québec a refusé qu’il y ait un financement public dans le projet», a-t-il signalé.

En audiences publiques à la fin septembre, le promoteur avait déjà indiqué qu’il ne demanderait pas d’argent public.

Comment ça fonctionne?

Le rapport final du BAPE doit arriver d’ici le 13 janvier sur le bureau du ministre de l’Environnement. C’est lui qui prendra la décision finale.

D’après la conseillère en communications du BAPE, «tous les mémoires ont la même importance» durant une commission, «qu’ils comportent un seul paragraphe ou plusieurs pages».

Les mémoires reçus ne manquent pas d’originalité. Certains prennent la forme de dessins, de photos, de films. Pour témoigner de son refus du projet, une participante a même téléversé… un numéro de danse.

Rejoint mardi pour commenter les données compilées par Métro, GNL Québec a maintenu qu’elle ouvrait la porte aux améliorations.

«Nous avons lu dans plusieurs mémoires et entendu dans plusieurs témoignages des éléments et des pistes d’action et de réflexion très pertinents provenant d’intervenants de la région du Saguenay–Lac-Saint-Jean», a souligné dans une réponse écrite la directrice principale des affaires publiques du promoteur, Stéphanie Fortin.

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