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Front commun pour exempter les itinérants du couvre-feu

Un sans-abri
Photo: Josie Desmarais | Métro

Le Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec (RSIQ) et les trois groupes d’opposition à l’Assemblée nationale font front commun pour que le gouvernement exempte les personnes sans-abris du couvre-feu.

«C’est unanime, tout le monde est préoccupé par la non-exemption accordée aux personnes en situation d’itinérance», a déclaré d’emblée le coordonnateur du Réseau SOLIDARITÉ Itinérance du Québec, Boromir Vallée Dore, lors d’une conférence de presse virtuelle lundi matin.

En effet, le regroupement d’organismes soutient que le couvre-feu porte atteinte aux droits, à la santé et à la sécurité des itinérants.

D’ailleurs, un Innu de 51 ans a récemment été retrouvé mort dans une toilette chimique de Montréal située à seulement quelques pas du refuge qu’il avait l’habitude de fréquenter. Selon des proches, Raphaël André se cachait des policiers durant les heures du couvre-feu. 

Si dans certaines régions, les policiers font preuve de tolérance à l’égard des personnes sans-abris, certaines difficultés s’ajoutent à leur réalité, a indiqué Boromir Vallée Dore.

«Par exemple, on voit une réduction des heures de services de certains organismes communautaires. On voit une difficulté d’être rejoint par les intervenants de proximité. Il y a un risque d’interpellation accru de la part des policiers qui peut mener à une escalade et une juridicisation», a-t-il expliqué.

M. Vallée Dore a ajouté que l’isolement des personnes qui vivent dans la rue augmente le risque de surdose.

Refus de Québec d’exempter les itinérants

La semaine dernière, le premier ministre du Québec, François Legault, a réitéré qu’il n’avait pas l’intention d’exempter les sans-abri. Selon lui, cela ferait en sorte que «n’importe qui pourrait dire qu’il est un itinérant».

François Legault a également dit «faire confiance aux policiers» qui ne font pas exprès pour distribuer des amendes aux sans-abri, croit-il.

Des explications «farfelues», jugent les oppositions

Les trois partis de l’opposition demandent à M. Legault de reconnaître son erreur et de reconsidérer sa décision. 

«Sur l’exemption du couvre-feu des personnes en situation d’itinérance, le premier ministre, il s’est trompé. Il s’enfonce à des explications farfelues et tout le monde le constate», a souligné le porte-parole du deuxième groupe d’opposition en matière de lutte contre l’itinérance, Alexandre Leduc.

La porte-parole de l’opposition officielle en matière de lutte à la pauvreté et de solidarité sociale, Paule Robitaille, pense aussi que les explications du premier ministre «ne tiennent pas la route».

Pour le porte-parole du troisième groupe d’opposition en matière de services sociaux, Joël Arseneau, le refus de Québec de créer une exception pour les itinérants démontre une «méconnaissance inquiétante de la réalité de ces personnes».

Selon l’élu du Parti Québécois, c’est d’autant plus choquant que le gouvernement ait adopté dans son décret une multitude d’exceptions. «Que l’on doive aujourd’hui se solidariser de cette façon-là pour demander une exception pour les personnes en situation d’itinérance, ça me dépasse un peu», a-t-il affirmé.

Recours devant les tribunaux pour exempter les itinérants

Par ailleurs, devant le refus de Québec d’exempter les itinérants, la Clinique juridique itinérante (CJI) a déposé vendredi une demande de sursis à la Cour supérieure du Québec. 

L’organisme réclame une «suspension provisoire immédiate» et un sursis du décret à l’endroit des personnes sans-abris afin d’éviter «des préjudices graves et irréparables».

Pour la directrice générale du Réseau d’aide aux personnes seules et itinérantes de Montréal (RAPSIM), Annie Savage, ce recours devant les tribunaux est un «élément de plus pour activer l’urgence d’exempter les personnes».

Une pétition demandant une exemption du couvre-feu pour les personnes en situation d’itinérance a déjà recueilli plus de 20 000 signatures.

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