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Gestion de la pandémie: le ministère de l’Éducation inondé de plaintes

Une enseignante donne un cours.
Photo: Omar Marques/Getty Images

À chaque année depuis 2015, jamais les décisions du ministère de l’Éducation n’avaient généré au-delà de six plaintes. L’an dernier, les politiques et orientations du gouvernement québécois ont généré… plus de 100 doléances, principalement en lien avec la gestion de la pandémie dans les écoles.

Selon des données obtenues grâce à la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics et sur la protection des renseignements personnels, le ministère avait reçu, à la fin du mois d’octobre 2020, 103 plaintes concernant ses «politiques et orientations ministérielles».

Ici, on parle essentiellement de griefs concernant la «mise en application des orientations et des politiques du ministère et du gouvernement par les établissements d’enseignement». Pour l’ensemble de l’année précédente, le ministère en avait reçu six. En 2018, une.

Nous avons tenté de connaître la nature de ces plaintes pour expliquer cette hausse importante. Une nouvelle demande d’accès à l’information n’a pas donné de résultats.

«Les documents visés […] sont constitués de renseignements personnels confidentiels ou permettent d’identifier des personnes physiques», a répondu le service de l’accès à l’information du ministère, avant de préciser qu’ils concernaient «principalement» la gestion de la pandémie par le gouvernement.

Au cabinet du ministre de l’Éducation, on confirme qu’en fait, 99 de ces 103 plaintes touchent la COVID-19.

En octobre 2020, les plaintes au sujet des «politiques et orientations ministérielles» constituaient le quart des doléances envoyées au ministère.

«C’est son bulletin»

Dans l’opposition, on attribue cette hausse d’environ 2000% à une seule et unique personne: le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge.

«Au printemps dernier, les cours en ligne ont été à géométrie variable. Par la suite, la rentrée scolaire, ça a été chaotique», explique la députée de l’opposition officielle Marwah Rizqy. La porte-parole libérale en matière d’éducation soutient avoir elle-même reçu de nombreuses plaintes de parents depuis les premiers jours de la crise sanitaire.

«C’est son bulletin à Jean-François Roberge. C’est le vox pop des parents, et le verdict est tombé.» – Marwah Rizqy, porte-parole en matière d’éducation du Parti libéral du Québec

L’élue solidaire de Sherbrooke, Christine Labrie, doute que ces chiffres dressent un portrait complet des griefs dans le réseau scolaire québécois.

«Je pense que le nombre de plaintes ne reflète pas l’ampleur du manque de confiance dans le réseau envers le ministre. Il y a une très, très, très grande insatisfaction», souligne-t-elle.

Le cabinet du ministre soutient qu’il est normal que la pandémie ait entraîné une hausse des griefs.

«Évidemment la pandémie entraîne plusieurs bouleversements dans le quotidien de chacun. Il est normal que ces changements puissent entraîner des désagréments», a écrit dans un échange de messages textes l’attaché de presse de M. Roberge, Jean-François Del Torchio.

À la fin janvier, un syndicat montréalais exigeait le départ du ministre de l’Éducation. La semaine dernière, le premier ministre François Legault se portait à sa défense.

«C’est un gars qui a de l’expérience, qui a été enseignant, c’est un père de famille», avait-il souligné lors d’un point de presse.

«Tempête parfaite»

En pleine pandémie, les parents d’élèves se sont retrouvés sans solutions, avance la critique en éducation du Parti québécois, Véronique Hivon. Ils n’ont eu qu’un choix: inonder de plaintes le ministère.

«Il y a eu une tempête parfaite. En même temps que la pandémie est arrivée l’abolition des commissions scolaires. Les parents n’ont pas pu se tourner vers leurs élus scolaires», analyse l’élue de Joliette.

En février 2020, Québec adoptait sous bâillon le projet de loi 40. Avec cette modification législative venait la fin des commissions scolaires, remplacées par des centres de service scolaires. Les commissaires élus laissaient leur place à un conseil d’administration.

Selon Christine Labrie, «en éducation en particulier, il y a eu moins de souplesse que dans d’autres ministères» pendant la pandémie. Dans les partis d’opposition, on craint que ça se poursuive.

«Je n’ai pas envie que dans deux mois, dans trois mois, on ferme les écoles à nouveau, affirme Véronique Hivon. On avait demandé au ministre de faire ses devoirs.»

Depuis la rentrée, au Québec, 1604 écoles du réseau québécois ont rapporté au moins un cas d’infection à la COVID-19.

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