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La difficile quête de justice pour les victimes d’agression

La parfaite victime est un documentaire de Monic Néron et Émilie Perreault
La parfaite victime est un documentaire de Monic Néron et Émilie Perreault Photo: Capture d'écran, Radio Canada

Le documentaire La parfaite victime met en lumière les manquements de la justice en matière de défense des droits des personnes victimes d’agressions sexuelles. Les coréalisatrices, Émilie Perrault et Monic Néron, constatent que le système judiciaire doit changer.

Pour être sûr que justice soit rendue, la journaliste et réalisatrice Monic Néron explique qu’il faut être la parfaite victime : « la parfaite victime résiste à son agression, elle crie ‘’à l’aide’’, elle dit non, elle court au poste après son agression, elle y raconte ce qu’il s’est passé de manière concise, posée et cohérente, elle n’est pas trop traumatisée, n’a pas de trou de mémoire. » Tous les intervenants du documentaire s’accordent sur le fait que la parfaite victime n’existe pas.

« La parfaite victime arrive à obtenir des aveux ou subit une agression captée par des caméras de surveillance sauf que cette parfaite victime n’existe pas » – Monic Néron, journaliste et réalisatrice

Les difficultés qu’éprouvent les victimes à se rendre jusqu’au juge se constatent dans le faible nombre de dépôt de plaintes mais aussi le faible nombre de causes présentées devant le juge. « A peu près 5% des agressions sont dénoncées à la police et de ce nombre très peu sont autorisées par le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Et c’est assez discrétionnaire selon les cours, il y a un calcul des chances d’obtenir gain de cause qui est fait », indique Monic Néron.

Les féminicides de la lâcheté

M.Legault avait commencé sa conférence de presse, mercredi, en s’adressant aux hommes violents car cinq féminicides ont été perpétré en moins d’un mois au Québec : « Il y a rien de viril à être violent avec une femme, au contraire c’est lâche. »

En 2021, des femmes meurent encore sous les coups de leur mari et d’après Louise Riendeau du Regroupement des maisons pour femmes victimes de violences conjugales la plupart sont évitables. « Dans beaucoup de cas de féminicides et violences, des intervenants, la police ou des acteurs du système judiciaire sont interpelés, alors on se demande ’’quels signes ont a pas vu ?’’ »

Elle ajoute qu’une meilleure évaluation des risques est nécessaire pour déceler et éviter ces violences Une plus grande contribution du gouvernement est espérée. « L’année dernière une part était prévue dans le budget mais cela ne répondait qu’à un quart des besoins des maisons pour une aide directe aux femmes mais aussi pour intervenir dans la communauté au niveau de formation ou sensibilisation. »

La justice, trop rigide ?

Les deux coréalisatrices constatent que le système judiciaire est dans l’incapacité de se remettre en question. « On nous a rétorqué à de nombreuses reprises, ‘’le système est ainsi fait’’. » D’après elles, c’est ce qui explique qu’il y a un débordement dans les réseaux sociaux comme une recherche de justice parallèle.

« Les juges sont très réfractaires à se faire imposer une formation en matière d’agression sexuelle »

En matière d’éducation dans ces affaires, le monde de la justice semble fermé au changement. « Les juges sont très réfractaires à se faire imposer une formation en matière d’agression sexuelle, on démontre bien dans le film à quel point cela peut faire une différence », expliquent les deux coréalisatrices. Quant à la création d’un tribunal spécialisé, les deux femmes mentionnent qu’une levée de bouclier de la part de criminalistes est à craindre.

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