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Racisme systémique: l’Observatoire québécois des inégalités raciales voit le jour

Racisme et discrimination
Le 31 mai dernier, plus de 10 000 manifestants ont marché à Montréal contre le racisme et la brutalité policière. Photo: Pablo Ortiz/Métro

L’Observatoire québécois des inégalités raciales voit le jour dans le but de veiller et suivre l’évolution des enjeux sous-jacents au phénomène du racisme systémique, à commencer par celui dans le domaine de l’emploi, un axe identifié comme prioritaire. 

L’initiative a été présentée par l’organisation de solidarité Alternatives, en collaboration avec l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS), lors d’un webinaire mercredi.

Financé par Patrimoine Canada en 2020, dans le cadre de son nouveau programme d’action et de lutte contre le racisme, l’Observatoire veut proposer un «nouvel éclairage» sur des questions qui touchent au racisme systémique et structurel. 

En effet, «il existe un débat, mais aussi un déni de cette réalité à l’échelle parfois même des plus hauts niveaux du gouvernement québécois, mais aussi de l’opinion publique», souligne le professeur au département de sociologie de l’UQAM Victor Armony.

Non reconnaissance du racisme systémique

En octobre dernier, le premier ministre François Legault a refusé de reconnaître l’existence du racisme systémique au Québec.

Selon la chercheuse à l’IRIS Wissam Mansour, la non reconnaissance du racisme systémique par le gouvernement au pouvoir est une des raisons qui justifie le besoin d’avoir un institut de recherche comme l’Observatoire québécois des inégalités raciales.

«Se doter d’un centre de recherche et de réflexion dans les sphères politiques, sociales et économiques permettrait de se munir d’un argumentaire solide pour combattre ce système», affirme-t-elle. 

En effet, l’Observatoire pourra produire des recherches, fournir des analyses, ainsi que des solutions pour répondre au racisme systémique.

Discrimination raciale à l’emploi

Pour Victor Armony, qui est un des chercheurs principaux du projet, il est clair que la discrimination systémique entrave la pleine intégration des personnes racisées au secteur de l’emploi. 

«Nous visons à contribuer à dévoiler ces mécanismes qui se dissimulent parfois derrière un discours de neutralité, alors qu’on sait bien que certaines normes et pratiques sont traversées par des inégalités qui leur sont inhérentes», ajoute-t-il.

En 2012, la Commission des droits de la personne et de la jeunesse (CDPDJ) a d’ailleurs conclut qu’il y avait bel et bien discrimination à l’embauche sur la base de l’origine, de la race ou de la couleur à Montréal.

Au Québec, le revenu total moyen des personnes racisées s’élève environ à 30 000$, ce qui est beaucoup plus bas que celui des personnes non-racisées évalué à près de 45 000$, selon les dernières données compilées par Statistiques Canada.

Les femmes racisées se distinguent du lot avec un revenu total moyen de près de 28 000$. 

Wissam Mansour précise que la scolarisation n’est pas un facteur qui permet d’expliquer ces écarts. En effet, par exemple, les femmes racisées (39,7%) sont plus susceptibles que les femmes non-racisées (27,1%) d’avoir complété un diplôme universitaire. 

«Plusieurs éléments permettent d’expliquer ces écarts, dont la non-reconnaissance des diplômes étrangers et la baisse du rendement de l’expérience du travail à l’étranger», indique Mme Mansour. 

D’ailleurs, c’est au Québec qu’on retrouve l’écart le plus élevé au pays entre le taux de chômage des personnes immigrantes contre le reste de la population.

Études envisagées par l’Observatoire

Dans le cadre de l’Observatoire, les chercheurs envisagent de faire quatre études sur les questions de discrimation à l’emploi, indique le professeur au département de sociologie de l’UQAM Vissého Adjiwanou.

La première étude consiste à recenser des données et recueillir les indicateurs sur les disparités socio-économiques entre la population majoritaire et les groupes racisés et immigrants. 

«On sera amené à regarder les analyses selon le sexe et l’âge, mais également selon certaines caractéristiques des populations immigrantes, notamment le lieu de résidence et le lieu de provenance pour apporter des informations plus détaillées», explique Vissého Adjiwanou.

Ce travail préliminaire permettra d’avoir une idée claire des avancées, mais aussi des limites de la recherche dans le domaine des inégalités et de la discrimination raciale en emploi.

Ainsi, les trois études suivantes qui se baseront sur cette première analyse pourront approfondir des questions plus spécifiques. 

Les chercheurs prévoient notamment examiner les expériences et les perceptions d’au moins 300 individus en matière de discrimination raciales à l’emploi par le biais d’un questionnaire en ligne. 

Ensuite, la tenue de groupe de discussion avec des victimes de discrimination raciale sera organisée pour recueillir des informations sur la complexité des cas. 

Finalement, l’Observatoire veut analyser le discours discriminatoire sur internet en examinant des forums de discussion au Québec.

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