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Québec investit 14,1 M$ pour améliorer l’accès à la justice des Autochtones

Le ministre de la Justice et procureur général du Québec, Simon Jolin-Barrette et le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, accompagné du chef de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, ont annoncé des mesures concernant l'accès à la justice pour les Autochtones. / Josie Desmarais/Journal Métro Photo: Josie Desmarais

Le gouvernement du Québec investit 14,1 M$ sur quatre ans pour la mise en place de trois mesures en matière d’accès à la justice pour les Autochtones.

Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, et le ministre responsable des Affaires autochtones, Ian Lafrenière, en ont fait l’annonce lors d’une conférence de presse lundi matin.

Ils étaient accompagnés du Chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador, Ghislain Picard, et la directrice générale du Regroupement des centres d’amitié autochtones du Québec, Tania Sirois.

Les mesures annoncées visent à lutter contre la surreprésentation des Autochtones dans le système de la justice, ainsi qu’à valoriser la justice communautaire autochtone.

En effet, selon le Chef Picard, les Autochtones représentent un détenu sur quatre à l’échelle canadienne. «C’est encore plus important lorsqu’il s’agit des femmes autochtones. C’est peut-être le double de ce que j’annonce comme chiffre», a-t-il ajouté.

Les nombreuses commissions d’enquête, les recherches et les études sont catégoriques au sujet des effets dévastateurs des barrières culturelles chroniques et des décennies de statu quo face aux réalités autochtones, a ajouté Tania Sirois.

«Taux de judiciarisation élevé, taux de victimisation élevé, droits individuels et collectifs non respectés, sentiment de méfiance très élevé et non-utilisation des services de l’État ou d’organisations non-autochtones par craintes d’être étiquetés et jugés», a-t-elle énuméré.

Trois mesures concrètes

D’abord, Québec veut accroître et bonifier les services offerts en milieu urbain afin de répondre aux membres des Premières Nations et des Inuits. Au total, 4 M$ seront consacrés pour le maintien des ressources en place et pour l’embauche de ressources additionnelles.

Ensuite, les autorités veulent soutenir le déploiement et la consolidation des comités de justice dans les communautés. Un financement de 7,2 M$ favorisera de nouvelles initiatives en justice communautaire et permettra d’augmenter le budget de fonctionnement des comités existants.

Les projets de justice communautaire jouent un rôle fondamental dans les communautés des Premières Nations et des Inuits, ont indiqué les intervenants. «C’est de reconnaitre la justice réparatrice et les mesures de rechange, donc de vraiment s’adapter à ce que [les Autochtones] connaissent et reconnaissent», a précisé M. Lafrenière.

Finalement, une somme de 2,9 M$ permettra à Québec de bonifier la rémunération des rédacteurs Gladue sous contrat, de soutenir l’embauche de cinq rédacteurs Gladue supplémentaires auprès d’organismes autochtones et de rendre disponible la rédaction de «lettres Gladues».

Les rapports Gladues contiennent des renseignements sur les circonstances particulières des personnes autochtones accusées d’une infraction ou des délinquants autochtones. Ces rapports sont donc «un élément important dans la prise de décision des intervenants judiciaires» puisqu’ils leur permettent de connaître le cheminement d’une personne et ainsi d’imposer une peine qui favorise la réhabilitation du contrevenant, ont expliqué les ministres.

Les trois mesures annoncées répondent à cinq recommandations précises de la commission Viens.

À ces mesures s’ajoutent celles annoncées au mois de mars dernier concernant l’accompagnement des Autochtones en matière de justice.

Selon le Chef Ghislain Picard, il faut tout de même apporter des solutions «encore plus durables» afin de «trouver une façon d’élargir le chantier et permettre de vraiment traiter la question de la justice sous toutes ses couches».

Sécurisation de sites des pensionnats

La semaine dernière, Ian Lafrenière avait annoncé qu’il songeait à «sécuriser» les sites des anciens pensionnats autochtones pour examiner ces endroits qui pourraient compter d’autres corps d’enfants comme ceux retrouvés à Kamloops en Colombie-Britannique.

Questionné à ce sujet, le ministre a expliqué qu’il respecterait d’abord le rythme et la volonté des peuples autochtones et dit avoir contacté les chefs des communautés dans les derniers jours.

«Je vous dirais que c’est à géométrie variable. Dans certaines communautés, on nous a demandé du temps en disant que les plaies qui n’étaient pas cicatrisées – mais pas du tout – ont été rouvertes. […] Dans d’autres communautés, les gens étaient prêts à sécuriser les lieux», a-t-il dit.

Il a ajouté qu’une annonce sur l’approche du gouvernement du Québec viendra dans les prochains jours. «Pour le Québec, on parle de dix sites qui sont situés dans des communautés autochtones et dix autres qui sont à l’extérieur», a ajouté M. Lafrenière.

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