Mélanie Joly: une voix québécoise dans une crise mondiale
Alors que la guerre en Ukraine s’intensifie, la réponse du Canada au conflit se transforme au fil des jours. En sol canadien, la ministre des Affaires étrangères et députée d’Ahuntsic-Cartierville, Mélanie Joly, se retrouve au centre de la crise.
Au cours des derniers jours, la ministre s’est notamment entretenue avec plusieurs de ses homologues étrangers, dont ceux de l’Arménie, du Brésil, de l’Argentine et du Pérou, afin de discuter de la situation ukrainienne.
Elle a également pris la parole pour dénoncer l’attitude du ministre des Affaires étrangères russe, Sergueï Lavrov, qui tente de justifier l’invasion faite par son pays. Plusieurs diplomates ont d’ailleurs boycotté ses interventions lors de la Conférence du désarmement et du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.
«Le ministre Lavrov a donné sa version, qui est par ailleurs fausse, à propos de la situation en Ukraine. C’est pourquoi nous avons choisi d’adopter cette position très forte ensemble», a expliqué Mélanie Joly en point de presse, à la suite de la Conférence.
Lors d’une allocution devant le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés le 28 février, la ministre canadienne des Affaires étrangères a aussi appelé la communauté internationale à reconnaître les atteintes aux droits de l’homme se déroulant présentement en Ukraine et lui a enjoint d’intervenir.
«Les droits de l’homme sont universels et ne peuvent être manipulés pour justifier la guerre et les crimes», a-t-elle alors déclaré.
Tout en critiquant l’invasion russe, la ministre Joly a assuré le peuple ukrainien du soutien du Canada.
«Par ses actions récentes, le président Poutine a montré au reste du monde qu’il est prêt à utiliser n’importe quel prétexte pour continuer à envahir l’Ukraine, a-t-elle souligné. La souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine doivent être respectées et le peuple ukrainien doit être libre de décider de son avenir.»
Réponse du Canada à la crise
Le Canada fournit d’ores et déjà des armes létales ainsi que de l’équipement de protection à l’Ukraine. Ottawa a également déclaré qu’il offrait jusqu’à 620 M$ en prêts au pays assiégé. Jusqu’au 18 mars, le Canada égalera aussi les dons effectués par les Canadiens à la Croix-Rouge, jusqu’à concurrence de 10 M$, tandis que 50 M$ en financement pour le développement et l’aide humanitaire seront donnés.
En parallèle, des sanctions économiques ont été imposées à la Russie. Celles-ci concernent entre autres 31 membres clés de l’entourage du président Poutine, des contacts étroits et des membres de la famille de certaines personnes déjà sanctionnées par le Canada et 27 institutions financières importantes. Le pays a également pris des mesures en ce qui concerne les exportations vers la Russie. Il a par exemple arrêté de délivrer de nouvelles licences d’exportation et a annulé les licences d’exportation valides pour les marchandises et les technologies contrôlées à destination de la Russie.
Une contribution canadienne adéquate?
Pour le brigadier-général retraité des Forces armées canadiennes et expert en résidence à l’École supérieure d’études internationales de l’Université Laval Richard Giguère, la réponse du Canada à la crise est «très responsable».
«Pour un pays qui fait partie de l’OTAN, on répond à la hauteur de nos moyens. On fait une contribution qui est importante à l’effort de l’OTAN en ce moment, qui vise à sécuriser les frontières de ces pays», estime-t-il.
Le fait que le Canada soit actif dans d’autres missions à l’international fait aussi en sorte qu’il doit tenter d’équilibrer ses interventions, croit le brigadier-général à la retraite.
«L’armée canadienne, comme toutes les autres armées du monde, a ses limites en termes de personnel et d’équipement. Dans ce contexte, c’est une contribution qui est importante», souligne M. Giguère.
Selon lui, la ministre Mélanie Joly représente actuellement bien le Canada et ses intérêts en occupant les bonnes tribunes.
Selon Anessa Kimball, du Centre sur la sécurité internationale à l’École supérieure des études internationales de l’Université Laval, le Canada se retrouve dans une situation difficile. «Le pays a une importante diaspora ukrainienne, donc il y a une certaine pression sur le gouvernement. Mais on ne veut pas nécessairement déployer des troupes ou des soldats à ce moment-ci. On se contente donc d’envoyer de l’équipement.»
Pour Anessa Kimball, les sanctions annoncées par le Canada et ses alliés ont aussi un certain impact sur la Russie. «On a vu Poutine évoquer l’idée qu’il pouvait fermer le robinet de son gazoduc à l’Europe. C’est une réaction aux sanctions. On a aussi vu le rouble chuter. Il y a une certaine pression au sein de la Russie.»