REM de l’Est: la Caisse a «des devoirs à faire» selon Plante
Alors que l’échéancier pour l’étude publique sur le REM de l’Est est repoussé, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, estime que la balle est dans le camp de la CDPQ pour assurer le succès du projet.
L’étude et les audiences publiques du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) n’auront pas lieu au printemps comme prévu, a dévoilé le quotidien La Presse jeudi matin. L’écueil serait que la Ville de Montréal n’a toujours pas émis de position claire sur la nouvelle mouture du projet dévoilée par CDPQ Infra.
Mais la Ville, elle, pointe du doigt la CPDQ, précisant qu’elle ne respecte pas ses exigences. «CDPQ Infra doit assurer le succès du REM et a des devoirs à faire pour qu’il se fasse de façon exemplaire», réagit l’attachée de presse principale de la mairesse dans un échange avec Métro.
Tous les experts endossent les conditions exigées par la Ville de Montréal depuis le début pour que ce projet soit un succès à la hauteur des attentes de la population montréalaise.
Catherine Cadotte, attachée de presse principale de Valérie Plante
La Ville assure qu’un comité consultatif a «clairement» exprimé quelles modifications doivent être apportées au projet pour qu’il soit acceptable.
«Avec l’ampleur d’un projet comme le REM de l’Est, qui est essentiel pour l’est et le nord est de Montréal, nous accordons une grande importance à ce que tous les partenaires adhèrent à un alignement commun, répond le directeur des communications de CDPQ Infra, Jean-Vincent Lacroix. Prendre le temps pour s’assurer d’un tel alignement avant de lancer le processus du BAPE est naturel et nécessaire.»
Ensemble Montréal craint que Valérie Plante soit «en train de faire mourir le plus grand projet de transport collectif à Montréal», critiquant son manque de leadership.
«Elle a eu plus d’un an pour préciser auprès des parties prenantes ce qu’elle considère comme « une intégration exemplaire » du REM de l’Est depuis son annonce en décembre 2020, comme le chef du parti, Aref Salem. Pourquoi l’administration de Projet Montréal n’a-t-elle pas défini ces critères auprès de la Caisse de dépôt lors de ces quelque 140 rencontres au cours des douze derniers mois?»
Manque de communication
À Québec, les partis d’opposition s’en prennent à la CAQ à propos des délais. Le gouvernement n’est pas en mesure de réunir les parties prenantes et de s’assurer qu’elles sont sur la même longueur d’onde, fait-on valoir.
«Ça témoigne de la gestion, de la gouvernance de la CAQ, de pas impliquer les personnes en amont», déclare la cheffe du Parti libéral, Dominique Anglade. «La Ville n’est pas impliquée dans les décisions exécutives».
La Caisse doit également «faire beaucoup d’efforts pour que ce projet-là se réalise», et la Ville de Montréal doit s’assurer d’être «autour de la table pour prendre des décisions», critique Mme Anglade.
Progression nécessaire
Il ne faut pas être surpris si le projet présenté ne plaît pas aux parties prenantes, estime le Parti québécois. «Le projet – ou un projet – doit se réaliser, il doit nécessairement être bonifié, pas strictement selon le point de vue de CDPQ Infra, mais en tenant compte, évidemment, de l’acceptabilité sociale et puis de la contribution de la Ville et de l’ARTM», indique le chef parlementaire du parti, Joël Arseneau.
La nouvelle version du projet présentée par CDPQ Infra déplaît aux intervenants sur le terrain, au point que le moment est peut-être venu de «tirer la plogue», selon Manon Massé, de Québec solidaire. «On n’est pas loin de ça, prévient-elle. La forme qui nous a été présentée ne répond pas aux besoins.» La députée de Sainte-Marie–Saint-Jacques demande que des études démontrant que l’enfouissement du REM au centre-ville est impossible soient présentées.
Pas de panique
Devant la discorde, la CAQ assure que le projet sera mené à terme. L’administration Legault appuie le report de l’étude du projet par le BAPE, le qualifiant de «raisonnable». «On se donne un peu de temps pour réaliser le meilleur projet possible, et je pense que c’est tout le monde qui le veut», a indiqué la ministre déléguée aux Transports à l’Assemblée nationale, Chantal Rouleau.
Mme Rouleau dit vouloir répondre aux préoccupations de Montréal et assurer la meilleure cohésion possible pour la réalisation du projet.