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Loi 96: la communauté juive craint de ne plus pouvoir recruter de rabbins

Marvin Rotrand
Marvin Rotrand, directeur national de B'nai Brith Canada Photo: / Josie Desmarais/Métro

Dans une lettre adressée au ministre responsable de la Lutte contre le racisme, Benoit Charette, le directeur national de B’nai Brith Canada, Marvin Rotrand, fait part des craintes qu’éprouve la communauté juive de ne plus pouvoir recruter de rabbins de l’extérieur du Québec à cause de la loi 96.

Ces craintes sont d’autant plus importantes alors que le rabbin de la principale congrégation orthodoxe a annoncé son départ cet été. Ce dernier est le leader spirituel de près d’un millier de familles de confession juive.

«Une partie importante de la communauté juive pratiquante est anglophone et ses synagogues et institutions éducatives fonctionnent en langue anglaise et exigent que le clergé, en particulier les rabbins, parle couramment l’anglais», explique la lettre. «Le bassin de recrutement au Québec est généralement trop petit pour répondre aux besoins de la communauté.»

Certaines congrégations iraient ainsi recruter aux États-Unis, en Angleterre ou en Israël. La possibilité pour les enfants du rabbin d’être éduqués en anglais dans un établissement juif serait donc un des «facteurs cruciaux» pour attirer de possibles candidatures.

Nous sommes d’accord avec l’observation selon laquelle, tel qu'[elle] est rédigée, [la loi 96] entrave la capacité de la communauté juive à recruter des rabbins à l’extérieur du Québec.

Marvin Rotrand

«Le gouvernement a pris des décisions sans précédent dans l’histoire canadienne et refuse de bouger», a lancé Marvin Rotrand, en conférence de presse.

Exempter les enfants de rabbins?

Les rabbins arrivent généralement au Canada avec un permis de travail temporaire pour du travail d’ordre religieux ou à titre de membre du clergé. De ce fait, leurs enfants bénéficient d’une exemption de l’obligation d’étudier dans un établissement francophone. Cette dernière est valable pour une durée de trois ans et est renouvelable.

Or, la loi 96 souhaite rendre cette exemption non renouvelable, même pour les dirigeants communautaires et spirituels.

B’nai Brith Canada propose ainsi un amendement au gouvernement. Il lui demande de reconsidérer cette partie de la loi 96 afin que soit conservé ce droit d’exemption.

L’amendement propose donc d’exempter les enfants de «toute personne chargée d’aider une communauté ou un groupe à atteindre ses objectifs spirituels», et ce, à la demande de leurs parents.

«Une telle exception n’aurait pas de conséquences significatives sur les visées du projet de loi 96, mais elle pourrait changer la donne pour l’avenir de la communauté juive de Montréal», explique la Ligue des droits de la personne.

Contacté par Métro, Québec a expliqué qu’il ne ferait pas de commentaire à ce sujet. De son côté, B’nai Brith a expliqué ne pas avoir reçu d’accusé de réception de la part du gouvernement à la suite de sa lettre.

«C’est triste et ça démontre qu’il y a un problème d’incompréhension», a réagi M. Rotrand. B’nai Brith attend la dernière version de la loi avant de décider de possibles poursuites judiciaires ou d’autres stratégies.

B’nai Brith s’est dit aussi très concerné par les différentes conséquences des lois 96 et 21 sur la communauté. Il craint ainsi un «nouvel exode» de membres de la communauté juive du Québec, au sein de laquelle 53% des membres seraient anglophones.

Une première «vague d’exode», notamment vers l’Ontario, avait eu lieu dans les années 1970 après l’adoption de la Charte de la langue française.

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