La rude journée du Blue Monday
La population vivra lundi ce qui pourrait être la journée la plus déprimante de l’année. Selon le Blue Monday, un concept développé en 2005 dans une campagne publicitaire de la compagnie britannique Sky Travel, la journée la plus déprimante de l’année survient le troisième lundi de janvier.
Même si aucune donnée scientifique n’appuie cette idée, Réal Labelle, professeur titulaire au Département de psychologie de l’UQAM, convient qu’«il s’agit certainement d’une période plus difficile pour une partie de la population.» Les personnes équilibrées, qui ont un bon réseau de contacts et qui ont des ressources personnelles, réussiront à passer à travers le mois de janvier sans problème, affirme le professeur, soutenant que «la majorité de la population» fait partie de cette catégorie.
Mais les personnes plus vulnérables, qui ont déjà vécu des épisodes de dépression par exemple, risquent davantage de vivre cette période plus difficilement, ajoute-t-il. «Les loisirs du temps des Fêtes sont terminés. En janvier, c’est le dur retour à la réalité, explique M. Labelle. Les enfants retournent à l’école, les chicanes de couple recommencent, les factures du temps des Fêtes arrivent, et les gens plutôt isolés, comme les personnes âgées, le sont davantage.»
M. Labelle mentionne également qu’«en Amérique du Nord, les chercheurs s’intéressent à plusieurs hypothèses [qui mettent en relation la déprime de janvier] avec le manque d’ensoleillement et la neige.» Mais le professeur estime que le «dur retour à la réalité est l’élément principal».
Les personnes «suradaptées», qui ont un rythme de vie effréné et de multiples implications, sont également plus fragiles durant cette période. «On voit souvent ce phénomène chez les artistes, mentionne M. Labelle. Quand le temps des Fêtes arrive, ils ont le temps de décompresser, mais en janvier, ça repart. On les idolâtre, mais à l’arrière-scène, ce n’est pas aussi beau», note le professeur, qui ajoute que les psychiatres et les psychologues gardent un œil attentif sur ce type de personnes.
En plus de s’assurer que leur suivi médical est adapté, ces personnes vulnérables doivent se créer un plan d’action pour passer à travers cette rude période. «Il faut s’activer!» clame M. Labelle. «Certains estiment qu’ils ne sont pas assez motivés pour bouger. Ce n’est pas une raison! Il ne faut pas penser. Mettez vos espadrilles dans votre sac, allez au gym, et la motivation viendra après», explique Réal Labelle.
Le but est de rencontrer des gens et de garder un bon réseau de contacts afin de retrouver son équilibre, explique le professeur. «Il faut se demander : “Qu’est-ce que je peux faire aujourd’hui pour être bien au moins 30 minutes ou une heure?”» conclut le chercheur.
Stimuler ses sens
Réal Labelle, professeur titulaire au Département de psychologie de l’UQAM, estime qu’on peut combattre la déprime de janvier en s’assurant de stimuler quotidiennement ses cinq sens par diverses activités. À titre d’exemples :
- Toucher : recevoir un massage, prendre un bain, nager, avoir des relations sexuelles
- Ouïe : écouter de la musique, écouter le chant des oiseaux
- Vue : regarder la neige tomber, regarder la lune
- Odorat : apprécier les parfums, apprécier l’odeur de l’air extérieur
- Goûter : goûter à de nouveaux plats et desserts
Cinq trucs pour garder le sourire
Mettre de la joie dans son habillement
Un éventail de couleurs peut aider à remonter le moral, selon le centre de recherche sur la santé mentale du Royaume-Uni. «Plusieurs recherches établissent des liens entre les couleurs et les humeurs, dit la Dre Laura Davidson, qui tient à faire changer les perceptions sur «les couleurs foncées, vues comme plus professionnelles sur le lieu de travail». Si rien ne parvient à semer de la joie, une vague de fuchsia ou d’orange pourrait encourager les collègues à diversifier leur garde-robe.
Faire de petits gestes de gentillesse
Une récente initiative pour contrer les effets du Blue Monday encourage des membres d’une communauté à se faire de petites faveurs entre eux. La communauté élit même son «héros local», qui reçoit un prix. Ce concept a pour but de construire des relations plus solides entre les gens et d’élever l’estime de soi.
Faire la paix avec ses difficultés budgétaires
Les dettes atteignent leur paroxysme une fois Noël passé. Il peut être difficile d’y faire face, et il faut faire attention aux crises d’anxiété. Les conseillers financiers proposent, comme première étape, d’accepter la situation. Ensuite, il faut être ouvert et honnête au sujet de ses dettes, aussi bien envers soi-même qu’envers sa famille, puis concevoir un plan pour y remédier.
Ne pas travailler
Une pétition internationale demandant aux gouvernements de faire du Blue Monday un jour férié a accumulé plusieurs milliers de signatures. Une autre campagne encourage plutôt les employeurs à décréter une journée de repos.
Penser déjà au lundi suivant
Quelques études arrivent à la conclusion que le quatrième lundi de la nouvelle année est une «bonne journée». On commencerait à ressentir les effets du renouveau printanier et à digérer nos excès regrettables des Fêtes. En plus, ce lundi vient souvent après la première paie de l’année, ce qui aide à entamer un nouveau cycle.