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Ignatieff dit que le Québec va vers l'indépendance

Photo: Archives Métro

LONDRES – Moins d’un an après avoir demandé aux Canadiens de le porter au pouvoir à Ottawa, Michael Ignatieff laisse désormais entendre que le pays se dirige tout droit vers une rupture.

L’ancien chef du Parti libéral et universitaire a tenu des propos surprenants sur l’unité canadienne, en entrevue lundi avec la British Broadcasting Corporation (BBC).

Il a prévenu les auditeurs que le visage du Royaume-Uni serait inévitablement changé par le référendum à venir en Écosse, et ce, peu importe les résultats du vote.

M. Ignatieff a illustré ses propos en citant l’exemple du Québec et de son mouvement souverainiste, affirmant que le Canada avait cédé des pouvoirs à la province pour satisfaire sa soif d’une plus grande autonomie. Il a toutefois laissé entendre qu’une telle situation était seulement temporaire.

«Je pense que c’est un peu comme une escale — vous vous y arrêtez pour un instant. Mais je pense que la logique, ultimement, c’est l’indépendance. L’indépendance totale», a-t-il déclaré.

«Je crois qu’ultimement, c’est vers là que ça se dirige», a-t-il répondu lorsque l’animateur écossais lui a demandé s’il évoquait l’indépendance à la fois pour le Québec et l’Écosse.

Après avoir mené les libéraux à une défaite historique aux élections fédérales du 2 mai 2011, le journaliste de longue date et universitaire s’est tourné vers un poste de professeur à l’université de Toronto.

Les élections québécois ont tourné le dos au Bloc québécois lors de ce dernier scrutin, mais la mouvance souverainiste a connu un regain de vigueur ces derniers temps, avec le Parti québécois caracolant à nouveau dans les sondages.

M. Ignatieff a poursuivi en se disant attristé de constater à quel point le Canada et le Québec se sont isolés l’un de l’autre et n’ont plus rien à se dire. Selon lui, l’optimisme de la dernière décennie a cédé le pas au désillusionnement.

«Le problème c’est que nous n’avons plus rien à nous dire. Il semble y avoir une entente mutuelle pour l’indifférence, qui est franchement frappante pour une personne de ma génération», a soutenu l’ancien politicien.

Mais cela n’a pas toujours été le cas, a-t-il affirmé aux auditeurs britanniques.

Le Québec jouait un rôle central dans l’identité canadienne lorsqu’il était plus jeune, a poursuivi M. Ignatieff.

«Je ne peux pas concevoir ce pays sans le Québec», a-t-il déclaré, ajoutant, dans la langue de Molière, qu’il parle le français.

M. Ignatieff a cité l’immigration, le développement des ressources naturelles, l’éducation et les soins de santé comme autant de champs de compétence cédés par le Canada pour maintenir la paix avec les souverainistes québécois.

Certains de ces exemples de pouvoirs sont toutefois aussi vieux que le pays lui-même, et sont enchâssés dans l’Acte de l’Amérique du Nord britannique de 1867.

Les propos de M. Ignatieff n’ont pas manqué de susciter la surprise de plusieurs observateurs de la scène politique québécoise.

«Quelqu’un les a vu passer (ces nouveaux pouvoirs)?», a lancé la journaliste politique Josée Legault sur sa page Twitter.

«Je présume que le Québec a obtenu ces «nouveaux pouvoirs radicaux» en se distinguant de la délégation canadienne à l’UNESCO», a-t-elle poursuivi.

Le premier ministre Stephen Harper avait offert au Québec un rôle quasi officiel à l’UNESCO peu après son arrivée au pouvoir, en plus de reconnaître le caractère distinct de la nation québécoise avec une motion votée aux Communes.

Ces ouvertures ne se sont toutefois pas traduites par des percées au Québec pour les conservateurs de M. Harper.

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