Tout le monde égal?
Au sortir de la grande noirceur, le Québec de 1960 a fait deux constats dramatiques : les moins fortunés de notre société étaient généralement peu instruits et nettement moins en santé que les mieux nantis. En partant d’un principe d’égalité qui allait donner l’accès libre et gratuit à l’école et aux soins médicaux aux pauvres comme aux riches, on décida de taxer et d’imposer le peuple québécois en conséquence. C’est sur la base de ces mesures sociales-démocrates que venait de naître la Révolution tranquille.
On sait que, depuis, ce pieux souhait d’équité a été bafoué plus d’une fois. Suffit d’évoquer l’existence de la médecine à deux vitesses dans notre système de santé et la réapparition des frais de scolarité pour comprendre que, malheureusement, on a dû faire certains deuils en chemin.
Là, dans ce qui semble une autre manière de tordre ce concept de justice sociale, Robin des bois Couillard – celui qui prend aux riches pour redonner aux pauvres – envisage de moduler selon le revenu familial le tarif des centres de la petite enfance. Comme s’il fallait absolument punir ceux qui ont la possibilité de s’enrichir. Comme s’il fallait «effouèrre» jusqu’à la dernière goutte chaque citron encore juteux. Une belle prime à l’encouragement, n’est-ce pas?
Il y a une autre inévitable conséquence dans ce coup de génie : si un citoyen paie 20 $ pour recevoir un service qui coûte 7 $ à un autre, qu’est-ce qui va empêcher le gars à 20 $ d’en demander plus parce qu’il aura déboursé davantage? Et, à l’autre extrémité de l’équation, devinez à quoi aura droit celui qui aura eu accès au tarif de base?
En faisant faussement croire que les plus faibles vont bénéficier de l’aisance (plus que relative…) des mieux équipés de notre société, on va plutôt recréer ce que l’on a tout fait pour éradiquer de notre paysage depuis plus d’un demi-siècle, à savoir la distinction entre les riches et les pauvres.
On ne vous le dira jamais assez M. Couillard : b-r-a-v-o. Clap-clap-clap…
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Beaucoup de réactions à la suite de mon papier de la semaine dernière à propos du sort réservé au costumier de Radio-Canada. On peut même parler d’une réponse sans précédent. Le sujet vous accroche clairement par la pointe du cœur. Maintenant, pour la suite des choses, me semble que ça serait bien si les gros noms de la place – ceux et celles que l’on voit un peu partout sur les immenses panneaux publicitaires – prenaient le relais pour se faire entendre bien fort, à la hauteur de leur notoriété. On est bien prêts à aller «au batte» pour vous autres les amis, mais là, me semble que votre tour est venu.
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Par ailleurs, même si les temps sont durs pour l’auguste société, on a aussi appris il y a quelques jours qu’on avait engagé – et ensuite viré avec dédommagement – un formateur français (sympathisant de l’Opus Dei de surcroît…) pour venir traiter des enjeux de la web-radio ou d’un truc-machin qui s’apparente à ça. J’ignorais qu’en temps de crise, on avait toujours les moyens de se payer des ateliers du genre. J’imagine que je n’avais pas encore tout pigé finalement…
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L’hommage rendu à Guy Lapointe samedi soir fut plus que bien touchant. Avec en prime, la chanson 100 000 raisons d’Harmonium en guise de trame sonore pour accompagner le petit film bilan. Ça faisait changement de My way…
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Vu: le film Gemma Bovery avec Fabrice Luchini et Gemma Arterton. Un délicieux moment de légèreté intelligente. Présenté entre autres au Beaubien, là où il fait toujours bon voir une bonne vue. Que voulez-vous, j’aime cet endroit…
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Entendu: Après la tombée du rideau, le dernier album de Patrick Norman. Brillant. Une superbe rencontre entre notre sheriff national et des musiciens de la scène indie contemporaine locale. Je le répète: brillant. Et j’ajouterais: incontournable.
Les opinions exprimées dans cette tribune ne sont pas nécessairement celles de Métro.