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Comme lettre à la poste

Les boîtes postales communautaires. Photo: Archives Métro

Mon histoire a commencé le jeudi 29 janvier 2015 à 19h30. Dehors, faisait noir comme su’l loup, pis frette que l’yâbe. Une agente de Postes Canada a frappé à ma porte. Vu l’interruption à venir de la distribution du courrier porte à porte – j’ai déjà signalé ici même à quel point cette mesure me déplaisait –, on venait m’aviser du nouveau point de chute où je pourrais récupérer mon courrier dès l’été qui s’en venait. Sur le formulaire d’usage, on avait même pris soin de mettre la photo – une capture d’écran de Google Street View – de l’endroit exact où seraient installées les 48 boîtes communautaires du coin.

Surprise, on avait prévu installer ces boîtes CHEZ NOUS sur MON terrain, directement dans MA cour.

Ça a l’air que Postes Canada a le droit de s’installer comme ça, sans consultation préalable, à l’intérieur des servitudes municipales généralement situées en bordure des trottoirs. C’est mon cas. Sans égard pour l’intimité à laquelle j’ai droit et pour laquelle j’ai choisi mon lieu de résidence. En plein sur le terrain que je paie à grands coups d’hypothèque et de taxes depuis 12 ans. Au risque de recevoir quotidiennement des dizaines de visites à toutes heures du jour, avec des portes qui claquent en prime. Avec l’assurance que mon environnement devienne – c’est invariablement comme ça que ça finit – un lieu d’expression pour les graffiteurs de mon quartier. Sans parler de la poubelle qu’on va gentiment installer pour recueillir les circulaires indésirables, mais qui va assurément devenir un dépôt de sacs de crottes à pitous en promenade. Oui, je suis en beau cr…

Bien sûr, je me suis insurgé le soir même auprès du centre de plaintes de l’auguste société. On m’a même remis sur-le-champ un «numéro de conflit». Ça commençait bien… Surprise, dès le lendemain matin, un préposé gentil comme un agent de recouvrement et ayant le savoir-vivre d’un bulldozer m’a rappelé en m’indiquant qu’on avait tout de même été gentil de m’aviser dès janvier alors «qu’on aurait pu agir de façon bête et méchante» et installer le tout sans avertissement le printemps venu. Juré sur la tête de mon chat Jean-Charles, ce sont exactement les mots que le monsieur a utilisés. De fil en aiguille, passant d’un supérieur à l’autre (certains plus civilisés que d’autres, mais avec le même résultat au bout du compte) et après m’être tapé une rencontre-mascarade avec des pseudo-responsables du dossier faussement empathiques, l’ombudsman de Postes Canada vient de m’aviser que des boîtes seront effectivement installées à plus ou moins 10 m de la fenêtre de ma chambre à coucher. Malgré le fait que j’aie proposé des emplacements alternatifs – et publics – qui n’auraient pas obligé mes voisins à marcher plus loin pour quérir leur courrier. On a quand même été «accommodant» avec moi. Plutôt que d’installer les 48 boîtes initialement prévues, on n’en mettra que 32. Big deal… Y’a pas à dire, aux Postes, on sait faire quand vient le moment de plaire…

Vous êtes chanceux, gens de Montréal, d’avoir un maire qui dit NON et qui se tient debout devant cet abus de pouvoir. C’est pas partout pareil. Pas à Longueuil en tout cas.

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