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Quand les garçons échouent…

Photo: Métro

Dans les dernières années, un certain discours masculiniste – et même un discours plutôt grand public – a souligné les taux de décrochage élevés des garçons, un des rares indices, avec le taux de suicide, où les hommes traînent de la patte, comme pour montrer que la gent masculine souffre elle aussi.

Ce constat était presque toujours accompagné de cette hypothèse: si les garçons réussissent moins bien que les filles à l’école, c’est peut-être que l’école n’est pas adaptée à leurs besoins. Certains allaient même jusqu’à avancer que depuis que les filles avaient fait leur entrée dans le monde de l’éducation supérieure, les garçons ne trouvaient plus leur place dans le système scolaire. Il va sans dire qu’en affirmant cela, on se préoccupait bien peu de savoir si les filles, elles, trouvaient mieux leur place dans la société.

Ce que ces statistiques ne disaient pas, c’est qu’en dépit de leurs résultats scolaires, les garçons pouvaient tout de même aspirer à un avenir plus radieux que les filles. Si l’école n’était pas leur domaine de prédilection, en revanche, il s’agissait peut-être du seul lieu dans la société qui ne leur était pas plus favorable qu’aux filles. Or, un nouveau rapport de la Fédération autonome de l’enseignement souligne que la réalité des décrocheuses est beaucoup plus sombre que celle des décrocheurs. Les femmes sans diplôme d’études secondaires gagnent en moyenne 16 414$ par année, contre 24 434$ pour les hommes dans la même situation.

La grossesse ou le fait d’avoir des enfants à charge constituent des obstacles à leur raccrochage, alors que si l’on observe les données à long terme, on constate que les garçons réussissent à se rattraper entre 19 et 24 ans. Voilà une autre raison de réintégrer dans le cursus scolaire les cours de sexualité, qui devraient avoir un impact significatif sur le planning des naissances et, donc, sur le parcours scolaire des filles.

La conclusion de ce rapport est qu’après avoir été collectivement obsédés par la réussite des garçons depuis les 20 dernières années, tout indique qu’il serait plus constructif de miser sur la réussite des filles.

Mais, ce que ce rapport soulève de plus intéressant encore, c’est qu’au-delà de la différence de genre, les facteurs socioéconomiques jouent un rôle crucial dans la persévérance scolaire. «L’écart entre milieux défavorisés et milieux favorisés est beaucoup plus significatif que celui entre garçons et filles, ce qui vient illustrer concrètement que l’éradication de la pauvreté est prioritaire lorsqu’on parle de lutte contre le décrochage scolaire», peut-on lire dans le rapport.

Et quand on y pense, ça va de soi. Ce qui est étonnant, c’est qu’au moindre signe d’échec des garçons, on se soit demandé par quel moyen on pourrait adapter l’école à leurs besoins. Si on prenait les problèmes des femmes avec autant de sérieux, on aurait atteint l’égalité depuis longtemps. Après tout, peut-être que c’est parce que la société n’est pas adaptée à leurs besoins que les femmes ne réussissent à obtenir que 75,3% du salaire des hommes…

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