C’est votre fête à vous aussi
«Pour vous, que représente la Fête nationale?» Si je n’ai pas entendu cette question 100 fois dans les vox pop depuis une semaine, je ne l’ai pas entendue une fois. Je sais qu’ici, on est particulièrement doués pour s’enfarger dans des broutilles mais, quand on est pris pour s’interroger sur les raisons de fêter, il doit effectivement y avoir problème en la demeure.
Aussi bien y aller d’emblée avec une réponse qui vient des tréfonds du plus profond du fond de mon cœur : une fête, peu importe laquelle, ne trouve son sens qu’au moment où l’on décide d’en faire personnellement, et-non-collectivement, ce que l’on veut. D’accord, je sais, cette définition est plate comme la pluie, mais je ne trouve pas mieux.
Pour certains, la Saint-Jean représente l’occasion de changer de poste parce qu’ils ne veulent pas – ou ne veulent plus – se taper le discours souverainiste qui vient immanquablement pimenter le gros spectacle du 23 au soir. Parlez-en aux gens de la CAQ (faisait une mèche que l’on avait eu de leurs nouvelles d’ailleurs…), qui ont sorti le lapin du chapeau la semaine dernière. Facile à dire quand on sait que ça n’y changera rien. La formule étant hautement prévisible, on sait fort bien qu’il y a t-o-u-j-o-u-r-s des «incontournables» lors de ces soirées et la nature de ce discours patriotique ne fait jamais défaut. C’est comme ça.
Pour d’autres, la Fête nationale doit être une fête inclusive à laquelle tous et toutes doivent être conviés, peu importe leur allégeance politique, peu importe leur pays d’origine. Ça, c’est la manière politiquement correcte de présenter la patente. On en rêve. Mais dans les faits, on n’est pas obligés de chercher midi à quatorze heures pour deviner qu’on est encore bien loin de cette équation. Dans le gros show, quand on ne rend pas hommage à Robert Charlebois, on rend hommage à Gerry Boulet. Ou à Gilles Vigneault. C’est parfait, les trois le méritent amplement. Mais ne vous attendez pas à entendre un pot-pourri des chansons de Leonard Cohen, ça n’arrivera pas. Même si ces tous beaux artistes sont nés ici. Question de langue, voyez-vous. Tout francophile que je sois, cette situation-là me fera toujours un peu de peine et je ne serai jamais capable de justifier pourquoi il en est ainsi. Désolé.
«Réappropriez-vous votre fête», que l’on entend un peu partout. Parfait, c’est exactement ce que l’on fera. Chacun de son bord ou perdu dans la foule, au bout du compte, ça ne changera pas grand-chose. C’est votre fête à vous aussi, un point c’est tout.
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Note : la prochaine fois que les policiers du SPVM vont s’engager à porter leur uniforme officiel lors d’un événement solennel, il faudra préciser dans le protocole que le port d’un gros sticker rouge sur le dos pour rappeler ses négos ne sert définitivement pas la cause de celui qui l’affiche. Difficile d’appuyer un groupe qui s’applique à jouer au smatte. Ben difficile…