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On t’a à l’œil, Justin

Pas tout le monde n’a gagné ses élections, hier. Il n’est toutefois pas saugrenu d’avancer que, même parmi les militants néo-démocrates les plus progressistes, les souverainistes les plus convaincus et les quelques idéalistes qui ont voté vert, la défaite du gouvernement Harper a été accueillie avec un grand soulagement. La fin du règne conservateur, c’est un peu comme la fin d’un long cauchemar durant lequel on aurait volé un jouet à un enfant et duquel on s’est réveillé soulagé d’être la même bonne personne qu’on était la veille.

L’écrasante victoire de Justin Trudeau est donc surtout une défaite conservatrice, et en ce sens, c’est à plus de progressisme que s’attendent les Canadiens. C’est ce que leur a vendu Justin Trudeau en tassant son parti légèrement à gauche. Mais comme il est aussi facile d’oublier ses promesses électorales que de les énoncer, voici une liste de rappel non exhaustive à l’intention de Justin Trudeau, de la part des électeurs progressistes qui ont décidé de lui donner une chance.

  • Une enquête immédiate sur la disparition des femmes autochtones, même si la candidate Michèle Audette, qui incarnait peut-être le mieux la crédibilité de cette promesse, n’a pas été élue dans Terrebonne.
  • Un réinvestissement massif en culture, à commencer par une restauration de la société Radio-Canada telle qu’on l’a connue, même si on se rappelle que les Conservateurs n’ont pas le monopole des coupes à l’endroit de Radio-Canada et que ce sont les Libéraux qui ont parti le bal sous Chrétien.
  • Un conseil des ministres paritaire, une promesse qui augure mal lorsqu’on ne présente qu’une minorité de candidates (31%), ce qui en emmène déjà certains (dont Patrice Roy) à prétendre que les femmes élues seront avantagées dans la composition du cabinet Trudeau, ce qui n’est pas vraiment un avancement pour les femmes.
  • Une prudence accrue à l’endroit des pétrolières. Il ne faudrait pas nous donner l’impression que le renvoi de Daniel Gagnier, qui avait déjà la main dans le plat de bonbons avant même que la victoire ne soit officialisée, n’ait été que cosmétique.
  • Un assouplissement des critères d’admissibilité à l’assurance emploi qui aura fait pencher la balance dans l’appui quasi nord-coréen des maritimes au projet libéral.
  • La fin du scrutin majoritaire uninominal à un tour même si personne ne se fait d’illusion quant à cette promesse jamais tenue par les partis que ce système finit par mettre au pouvoir.
  • La protection des personnes trans. Si vous pouviez en profiter pour prouver aux minorités sexuelles que protéger les minorités religieuses n’équivaut pas à bafouer leurs droits, ça en rassurerait une bonne gang.
  • Légaliser le pot. Il ne suffit pas de libéraliser un marché lucratif pour les grandes entreprises, mais de montrer le bienfondé de cette mesure pour tous les canadiens en matière de sécurité et de santé publique.
  • Ramener la transparence. Au-delà du voeu pieux, cette promesse, c’est aussi s’engager à respecter à nouveau les scientifiques et les journalistes.

Plusieurs progressistes ne sont pas convaincus que les libéraux seront si enclins à réparer les torts de dix ans de règne conservateur. Couper semble bien plus facile que rebâtir, mais aussi, plusieurs se rappellent trop bien que la vie n’était pas beaucoup plus rose sous les libéraux de Chrétien et de Martin. Mais dix ans de purgatoire peuvent effacer bien des manies. Plusieurs libéraux de cette époque ont quitté le bateau et, soyons sérieux, ce ne sont pas des Stéphane Dion, Ralph Goodale ou Marc Garneau qui domineront le prochain gouvernement. Avec un jeune chef de 43 ans, il est tentant de croire que nous sommes devant une nouvelle génération libérale. Aussi, les prédécesseurs de Trudeau étaient avocat et propriétaire d’une entreprise de transport. Lui est prof de français et d’art dram’. On est ailleurs!

Nos voisins américains voient déjà en lui le héros (sexy et) progressiste du Canada. Espérons qu’ils sont visionnaires.

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