L’IRIS propose un salaire minimum de 15 $
MONTRÉAL – Pour ne pas qu’ils vivent dans la pauvreté, le salaire minimum des travailleurs québécois devrait être de 15,10 $ de l’heure, affirme l’IRIS dans une nouvelle étude.
Pour l’instant, plus du quart d’entre eux gagnent moins que ce taux horaire, relève l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques, qui note qu’il ne s’agit pas seulement des jeunes qui ont un emploi d’été ou un boulot temporaire.
Le salaire minimum au Québec sera haussé au 1er mai à 10,75 $ de l’heure.
Mais pour la plupart des travailleurs, ce salaire est insuffisant pour vivre décemment, souligne l’IRIS.
Selon l’Institut, le salaire horaire viable pour que les Québécois ne vivent pas dans la pauvreté varie significativement selon la ville, et à ce titre, mieux vaut vivre à Trois-Rivières qu’à Sept-Îles, où le coût de la vie est beaucoup plus élevé, ressort-il de l’étude.
Les conclusions remettent en quelque sorte en question la pertinence d’avoir un salaire minimum unique dans la province, comme c’est le cas actuellement.
Puisqu’il juge le salaire minimum insuffisant, l’IRIS a donc créé la notion de «salaire viable» en 2015, qu’il définit comme «le salaire horaire permettant à un salarié à temps complet (37,5 heures par semaine) une pleine participation sociale et une marge de manoeuvre pour une sortie de la pauvreté». Il s’agit de combler les besoins de base et de participer à la vie culturelle, politique et économique.
Ce salaire viable a été calculé dans différentes villes puisque que le coût de la vie diffère selon le lieu — on pense ici au prix des logements et de la nourriture.
Aussi, dans les grandes villes, les travailleurs peuvent compter sur le transport en commun, mais ce n’est pas le cas de ceux qui vivent dans de plus petites municipalités et qui ont donc besoin d’un véhicule. L’IRIS a aussi tenu compte des crédits d’impôts, des transferts gouvernementaux et des allocations pour enfants qui peuvent augmenter le revenu disponible.
L’Institut a chiffré trois situations — les besoins d’une famille de quatre dont les deux parents travaillent, d’un ménage monoparental avec un enfant à charge et ceux d’une personne seule — et cela, dans cinq villes: Montréal, Québec, Trois-Rivières, Saguenay et Sept-Îles.
Bref, une famille de quatre a besoin d’un salaire annuel total de 52 928 $ à Montréal, mais de 49 517 $ à Trois-Rivières et 57 410 $ à Sept-Îles.
Selon les calculs, une personne seule a besoin de 25 100 $ à Montréal, 22 327 $ à Trois-Rivières et 29 442 $ à Sept-Îles.
Pour avoir un salaire viable, un travailleur seul de Trois-Rivières doit gagner 13,59 $ de l’heure et un couple avec deux enfants 11,67 $. À Sept-Îles, le salaire d’une personne seule devrait être de 19,58 $ de l’heure et celui d’un couple de 16,33 $.
Bref, seul le parent monoparental à Trois-Rivières a besoin d’un salaire correspondant au salaire minimum actuel de 10,75 $ de l’heure.
Ainsi, l’IRIS juge que pour tous les autres cas étudiés, travailler au salaire minimum équivaut à rester dans la pauvreté.
L’IRIS a fait une moyenne des salaires viables des différentes villes et des différentes situations familiales pour déterminer un taux provincial et c’est ainsi qu’il en arrive à sa suggestion de 15,10 $ de l’heure, notant toutefois que ce serait nettement insuffisant pour un travailleur de Sept-Îles ou de Saguenay.
Dans son étude, l’IRIS s’évertue à démontrer que pareille augmentation ne tuerait pas les entreprises au Québec, tentant de répondre d’emblée à ceux qui s’opposent à une hausse significative du salaire minimum.