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Détecteurs de radar: à vos risques et périls

Le Code de la sécurité routière du Québec interdit la possession et l’utilisation de détecteurs de radar dans la Belle Province. Les conducteurs les plus téméraires, qui souhaitent rouler à fond de train sans être embêtés par la police, n’ont toutefois pas à faire de très grands détours pour se procurer l’appareil convoité.

«Détecteur de radar Cobra 2008. Neuf, mais pas dans l’emballage, car c’est plus facile de le cacher à la douane. Appeler xxx. Peut livrer partout au Québec.» Ce type d’annonce se multiplie sur le web. La facilité avec laquelle les consommateurs peuvent mettre la main sur ce type d’appareil complexifie la tâche des policiers.

L’article 333 du Code de la sécurité routière interdit l’utilisation de détecteurs de radar. L’article 251 prévoit pour sa part que nul ne peut installer, faire installer ou introduire de quelque façon que ce soit un détecteur de radar au Québec.

«Ces articles sont difficiles à appliquer, admet André Côté, de la section de la sécurité routière et de la circulation du Service de police de Montréal (SPVM). La particularité, c’est que les gens peuvent acheter des détecteurs de radar, mais ils ne peuvent pas les utiliser. Comme on peut penser qu’ils les achètent pour une utilisation à l’extérieur du Québec, ça serait délicat d’intervenir.»

Les détecteurs de radar sont permis en Alberta, en Saskatchewan, en Colombie-Britannique et dans certains États américains. À la Sûreté du Québec (SQ), on rappelle toutefois que vendre des détecteurs de radar à l’intérieur des limites de la province est illégal.

«On pourrait très bien arriver chez une personne qui vend des détecteurs de radar sur l’internet et faire une perquisition», précise Joyce Kemp, de la SQ.

Conséquences coûteuses
Les propriétaires de voiture qui choisissent d’ignorer la loi et de se munir d’un détecteur de radar ne seraient pas la norme à Montréal. En 2008, le SPVM a confisqué dix appareils. «C’est sensiblement pareil d’année en année, note André Côté. C’est un problème assez marginal.»

Les amendes qui attendent ceux qui se font pincer n’ont toutefois rien d’anecdotiques. Toute personne interceptée en possession d’un détecteur de radar, qu’il soit en fonction ou non, s’expose à une amende de 500 $, à laquelle s’ajoutent des frais de toutes sortes qui font grimper la facture à près de 640 $. Le détecteur de radar est également saisi sur-le-champ par la police.

«On ne confisque pas la voiture, précise toutefois M. Côté. La seule raison de saisir le véhicule, ce serait que le détecteur de radar est installé de telle sorte que c’est impossible pour le propriétaire de la voiture de nous le remettre sur-le-champ. À ce moment, la voiture est remorquée jusqu’à un garage pour que le dispositif soit retiré.»

Avis du coroner
Le Bureau du coroner du Québec a mis en doute, en 2002, le bien-fondé de laisser les contrevenants repartir avec leur voiture.

Appelé à se pencher sur les circonstances d’un accident qui a fait trois victimes impliquant une voiture munie d’un détecteur de radar, le coroner Serge Turmel avait demandé au ministère des Transports d’évaluer la possibilité d’imposer des pénalités plus sévères aux contrevenants.

«L’amende pour une infrac­tion portant sur la possession d’un détecteur de radar est de 200 à 300 $ [500 $ aujourd’hui], peut-on lire dans le rapport de Serge Turmel. Toutefois, pour un excès de 150 km/h, comme ce cas-ci [avant son embardée mortelle, la voiture filait à 252 km/h sur l’autoroute 15], le contrevenant est passible d’une amende de 915 $ et d’une perte de 15 points d’inaptitude. Il n’est donc pas surprenant que certains contrevenants préfèrent courir le risque d’être trouvés en possession d’un détecteur de radar : ils maximisent leurs chances de conserver leur permis plus longtemps, et l’amende qu’ils évitent peut valoir le risque.»

Le coroner recommandait d’évaluer la pertinence d’amender le Code de la sécurité routière pour permettre la saisie d’un véhicule muni d’un détecteur de radar pour une période de 30 jours et la suspension du permis de conduire des contrevenants pour trois mois. Ces recommandations n’ont toutefois pas été appliquées par le ministère des Transports.

«Il a été décidé, en 2002, que la problématique des détecteurs de radar serait englobée dans la question de la vitesse, précise Audrey Chaput, porte-parole de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ). L’approche de la prévention a été privilégiée parce qu’il a été démontré que, lorsqu’une pénalité existe, la renforcer ne contribue pas à changer les comportements.»

Policiers aux aguets
Même si le problème des détecteurs de radar n’est pas prédominant au Québec, les policiers doivent être constamment aux aguets.

Les forces de l’ordre se fient beaucoup à leur instinct pour démasquer les contrevenants. «Le comportement du conducteur est assez révélateur, a souligné André Côté. Quand on fait une opération radar, qu’on vise une voiture et qu’elle se met subitement à ralentir, ça nous met la puce à l’oreille.»

Au-delà de leur sens de l’observation, les policiers peuvent se fier sur des appareils électroniques qui agissent comme des détecteurs de détecteurs de radar. La Sûreté du Québec utilise ces dispositifs depuis 20 ans.

Les radars laser qu’utilisent les corps policiers peuvent aussi jouer un rôle de détection. «Les radars nous renvoient parfois des messages d’erreur qui peuvent éveiller nos soupçons», explique M. Côté.

Comment ça marche?

Les détecteurs de radar reçoivent les ondes émises par les radars. Ceux-ci émettent trois bandes de fréquence. Lorsqu’une des trois est identifiée par le détecteur, il émet un signal lumineux et sonore pour avertir le conducteur. Les détecteurs fonctionnent généralement en recevant des ondes qui ont rebondi sur les véhicules qui précédent celui où ils sont installés, ce qui donne au conducteur le temps de ralentir avant d’être visé.

Ils sont beaucoup moins efficaces quand les policiers utilisent un radar laser, puisque le laser ne cible qu’une seule voiture. Aucune onde n’étant réfléchie, le détecteur de radar avertira le conducteur qu’un radar est à proximité après que le policier aura pris une lecture de sa vitesse.

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