L’importation d’armes de poing sera interdite au Canada
Alors que la violence armée sévit à Montréal, Ottawa légifère pour limiter le trafic d’armes. L’importation et l’exportation des armes de poing seront interdites au pays dès le 19 août.
«Le Canada ne produit pas d’armes de poing, explique la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, en entrevue avec Métro. Avec ce projet de loi, on trouve une façon rapide et concrète de gérer le marché d’armes à feu.»
«En faisant du porte-à-porte durant la dernière campagne électorale, j’ai compris que la violence armée était un enjeu important pour les citoyens. On veut imposer une nouvelle approche, et on pense que ce que nous avons annoncé aujourd’hui est historique en ce sens.»
Adoption critique
L’interdiction était déjà inscrite dans le projet de loi C-21. Elle est toutefois adoptée temporairement jusqu’à l’adoption officielle de la loi par le Parlement. Mais il demeure incertain que cette loi soit adoptée: les conservateurs s’y opposent.
«Par exemple, Pierre Poilievre promet de renverser l’interdiction des armes de poing. On est fondamentalement en désaccord. Chaque fois qu’il est question des armes à feu, il y a un consensus canadien sur la question», estime Mme Joly.
On doit se différencier de ce que les lobbys des armes à feu suggèrent. La rhétorique de la droite américaine sur les armes à feu a une certaine influence ici. Il faut s’en dissocier et c’est pourquoi on adopte une approche ambitieuse.
Mélanie Joly, ministre des Affaires étrangères
Dans la lutte au trafic d’armes à feu, des ressources ont aussi été ajoutées aux frontières pour limiter la contrebande. Le gouvernement investira dans des programmes de prévention de la violence armée. Des financements supplémentaires seront accordés aux forces policières au cours des prochaines semaines, indique aussi Mme Joly.
Tragédie
Deux homicides ont eu lieu mardi soir à Montréal, dans les arrondissements de Saint-Laurent et d’Ahuntsic-Cartierville. Depuis, un suspect a été abattu.
L’interdiction de l’importation d’armes de poing annoncée par Ottawa n’est pas une réaction à ces événements, puisqu’elle est dans les cartons depuis plusieurs semaines. «J’ai le cœur brisé, dit Mme Joly. C’est inacceptable, et en tant que ministre, j’avais la responsabilité d’agir.»
La collaboration entre les différents paliers de gouvernement sera essentielle pour continuer la lutte aux armes à feu, selon la ministre. «Les gens ne veulent pas nous voir nous obstiner par rapport à ces sujets-là, commente Mme Joly. Notre objectif, c’est de travailler ensemble pour les victimes.»
Vendredi, la ministre de la Sécurité publique du Québec, Geneviève Guilbault, a tenu une rencontre avec les unités policières de Montréal et de Laval. Une rencontre similaire a été tenue hier avec le ministre fédéral de la Sécurité publique, Marco Mendicino.