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Reconfinement: quels impacts sur le milieu du travail?

Pigiste Femme dans ses vêtements d'accueil occasionnel de travail remotly de sa table à manger le matin. Accueil cuisine dans l'arrière-plan.
Photo: 123rf

Transformation et ajustement du temps de travail, conciliation travail-famille, précarisation de la dimension collective du travail, modification de l’espace de relation: alors que le Québec se reconfine pour au moins un autre mois, cela a des impacts sur le milieu du travail.

Malgré les nombreuses pertes d’emploi depuis le mois de mars 2020, beaucoup de Québécois sont encore sur le marché du travail, indique la professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), María Eugenia Longo.

Et leur milieu de travail change en même temps que les nouvelles restrictions sanitaires, souligne d’emblée la spécialiste de l’emploi.

Temps de travail

En effet, le confinement modifie l’organisation du travail en général, notamment avec les changements vers le télétravail. «Tout d’un coup le milieu du travail sort de l’espace physique dans lequel on exerçait son métier et entre dans les maisons où le travail n’était pas présent», indique María Eugenia Longo.

Le temps destiné au travail se mêle alors à d’autres temps. Cela peut amener une certaine flexibilité dans l’horaire, mais aussi une transformation de l’indépendance au temps du travail. «Même s’il y a beaucoup de gens contents d’être en télétravail, il y a beaucoup d’enjeux externes à cela que certains travailleurs ne voient pas», explique Mme Longo.

Elle fait notamment référence aux parents de jeunes enfants pour qui le confinement a des effets sur la conciliation travail et famille.

D’ailleurs, cet enjeu peut mener à des inégalités, et ce, au sein d’une même entreprise, estime pour sa part Xavier St-Denis, également professeur à l’INRS.

«Ces questions vont évidemment être plus importantes pour les employés parents que pour les employés qui ne sont pas des parents, dit-il. Ça va peut-être, même pour des entreprises qui ne sont pas en télétravail, mener à un besoin de prendre des journées de congé ou d’ajuster l’horaire qui va être différent pour chaque employé.»

Horaire de travail et couvre-feu

Par ailleurs, l’imposition d’un couvre-feu de 20h à 5h par Québec mène aussi à de nouveaux bouleversements dans l’horaire de travail.

Selon Xavier St-Denis, ce sont les travailleurs essentiels qui auront le plus de difficulté à s’ajuster. «On parle notamment des travailleurs dans des emplois en éducation, dans le domaine de la santé, dans la vente et les services et autres, qui font généralement face à des contraintes importantes avec leur horaire en fonction des heures d’ouvertures et de service de leur établissement», précise-t-il.

En comparaison, les travailleurs dans des emplois ou des secteurs qui bénéficient déjà d’une plus grande flexibilité en termes d’horaire et de lieu de travail pourront faire les ajustements les plus significatifs à leur horaire s’ils le désirent.

Dimension collective du travail

De plus, le confinement précarise la dimension collective du travail, pense María Eugenia Longo. En effet, la possibilité de revendication et de réfléchir à l’amélioration des conditions de travail est diminuée.

«Où il existe des syndicats très forts et très organisés, ils vont pouvoir continuer à débattre, mais ce n’est pas pareil que de le faire dans une assemblée syndicale tous ensemble avec les collègues et les délégués syndicaux sur le lieu du travail», explique Mme Longo.

Même sans étude encore disponible sur le sujet, la chercheuse constate de réels changements sur la dimension collective et le temps de travail. «Avec le nouveau confinement, tous ces éléments vont se renforcer et s’accentuer», émet-elle.

Espace de relation

Par ailleurs, l’espace de relation en général est affecté. «Bien évidemment, les gens qui ont perdu leur emploi ont été privés et vont continuer d’être privés de cet espace de socialisation», souligne María Eugenia Longo.

Or, il se transforme aussi pour ceux qui peuvent accéder au travail. «Clairement, cette socialisation, ce monde de relations qu’est le milieu du travail vont être marqués par des restrictions et des limites qui touchent les relations humaines qu’on ne connaissait pas avant», poursuit la professeure.

D’un autre côté, ceux qui ont pu garder leur emploi malgré la pandémie ont tout de même le privilège de garder un contact avec le monde, nuance-t-elle.


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