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Prix Gémeaux: saupoudrer de l’ouverture pour s’acheter la paix

33e gala des Prix Gémeaux
33e gala des Prix Gémeaux Photo: ICI Radio-Canada Télé

Dimanche soir, c’était la grande fête de la télévision québécoise avec la présentation du 33e gala des Prix Gémeaux.

Vous pouvez consulter la liste complète des gagnants ici ainsi qu’un survol de la soirée par le collègue Benoit Valois-Nadeau, qui a relaté les propos de Louis Morissette, notamment, après son triomphe avec Plan B devant le phénomène Fugueuse tout simplement boudé par l’Académie.

Ceci dit, je ne vais pas commenter les gagnants. L’Académie étant ce qu’elle est, ses goûts et préférences existent à l’extérieur d’une bulle populaire et l’industrie aime ce qu’elle aime. Ainsi, Plan B coiffe Fugueuse autant à l’interprétation que dans l’ensemble et François Morency est récompensé pour un gala qu’on a déjà tous oublié tant il était sans risques et sans saveurs.

L’idée n’est pas de tomber dans un débat sur le mérite des lauréats. Au contraire, ils ont fait la soirée avec leurs émotions, leurs remerciements et l’envie d’y être et de recevoir un beau gros pouce en l’air de la part de l’industrie.

Ce qui m’a agacé lors de cette 33e remise de prix, c’est le ton général de la soirée. Non, les blagues acides de Jean-Philippe Wauthier ne m’ont pas froissé ou dérangé. Certaines touchaient la cible, d’autres non, c’était un numéro d’ouverture honnête devant une foule très peu réceptive aux «complimardes» de l’animateur. Wauthier a animé comme il le fait chaque semaine à la radio et il est plutôt habile lors des transitions. La soirée s’est bien déroulée avec lui aux commandes.

Mais, il y avait une trame dimanche soir qui m’a particulièrement agacé. Celle qui, par la bande, nous envoyait tous les mots «tendance» de la saison pour s’acheter la paix. J’avais l’impression, après le gala, de m’être fait envoyer le message suivant: «Vous en voulez, de la diversité, de la représentation différente, de l’ouverture, des femmes et un respect des autres cultures? Ben en v’la. Asteure, sacrez-nous patience.»

Évidemment, ces mots n’ont pas été envoyés en ondes et je ne dis pas que c’était l’intention de l’équipe derrière la préparation du gala. Sauf que mon malaise est réel et larguer des trophées aux pieds de Fabienne Larouche pour qu’elle rattrape Guy A. Lepage n’a certainement pas aidé à ne pas renforcer cette impression, tout comme l’idée d’inviter un groupe de «nouveaux visages» pour faire la présentation d’un prix sans liens réels entre eux ou de propos de la part des invités.

On a placardé de l’ouverture durant le gala comme on tapisse une bâtisse abandonnée d’affiches publicitaires avant un spectacle. L’état du bâtiment ne change pas même avec cinq ou six couches d’affiches sur ses briques. La preuve: elle était où la diversité chez les lauréats et la représentation de ces «nouveaux visages» chez les nominés?

Ce gala des Prix Gémeaux était rassembleur, pour ne pas dire consensuel, et la grande majorité de la communauté artistique et critique a fait un retour positif sur la soirée. On se bidonne devant l’ouverture calquée sur En audition avec Simon qui, à mon avis, aurait dû demeurer dans les cartons de Radio-Canada au lieu de faire un retour sur le web cette année. Personnellement, je me suis senti floué par cette approche hypocrite de «changer les choses» alors que, comme l’a souligné Magalie Lépine-Blondeau, notamment, les choses ne sont pas forcément roses dans notre univers télévisuel.

Les changements, l’ouverture à l’autre et l’inclusion, ce n’est pas juste des mots-clics pour les réseaux sociaux. Faut que les bottines suivent les babines. Dimanche soir, le seul chemin qui a été parcouru est celui entre le tapis rouge et le Théâtre Maisonneuve de la Place des Arts.

On repassera pour le «vent de fraîcheur» qu’on voulait nous vendre entre deux boutades complices.

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