Nathalie Simard à TLMEP: «Je ne suis plus une victime, je suis une survivante»
Quinze ans après avoir dénoncé le producteur Guy Cloutier pour agression sexuelle, la chanteuse Nathalie Simard lance Je veux vivre, un disque et un livre qui abordent de front la problématique des violences sexuelles et conjugales. Elle était sur le plateau de Tout le monde en parle (TLMEP) dimanche soir pour en discuter.
«Aujourd’hui, je ne suis plus une victime, je suis une survivante», a laissé entendre la principale intéressée, dès le début de l’entrevue, soulignant que le timing «était bon» pour publier son œuvre, dans la foulée du mouvement #MeToo notamment.
«Enfin, les femmes et les hommes se lèvent debout pour dire que c’est tolérance zéro et que c’est assez, a considéré la native de l’île d’Orléans. Il est temps que la honte change de camp. Enfin on peut s’attaquer aux lacunes du système de justice et voir comment on peut réorganiser nos lois. C’est d’une importance capitale, ça brise des vies.»
Reconnaissant avoir été «en mode survie» pendant très longtemps, Nathalie Simard dit aujourd’hui vouloir faire avancer le débat. «Il y a 3 cas sur 1000 qui vont devant les tribunaux en ce moment. Moi, j’ai eu la chance d’être entourée de bons policiers, d’un bon procureur, donc je fais partie des 3. […] C’est une jungle, c’est un système qui est très difficile», a-t-elle avancé.
Il faut collectivement comprendre, selon la femme de 49 ans, que les victimes attendent souvent plusieurs années avant de dénoncer. «Entre l’amour et la violence, ça peut être mélangeant, a poursuivi la chanteuse. La honte, la culpabilité, la peur embarque. T’es figée. […] C’est un peu comme quand tu manges un coup de poing sur la gueule.»
Grandir avec cette charge devient avec le temps «très lourd», a témoigné Nathalie Simard. «Je me suis longtemps cherchée, j’étais un peu en perte d’identité, a-t-elle affirmé. Personnellement, la dénonciation m’a beaucoup apporté, et avec le temps, j’ai appris à me connaître aussi.»
«Je ne suis tellement pas une femme de vengeance, ça ne m’a jamais habitée, car ça ne sert à rien. Mais de vivre des crimes sexuels en étant enfant, oui, ça brise une bonne partie de ta vie.» – Nathalie Simard
Le livre Je veux vivre, qui doit paraître mardi, regroupe une vingtaine de témoignages de femmes et d’hommes qui sont des survivants. «Ce sont des faits vécus et le livre devient un outil de référence, a assuré Mme Simard. On explique d’où part la violence, d’où ça peut se créer.»
Au-delà du bien que son œuvre pourrait apporter aux victimes, la Québécoise espère que son livre et son disque contribueront à «faire parler». «C’est tellement important d’en discuter. Quand on n’en parle pas, on laisse le pouvoir aux agresseurs de poursuivre et de faire d’autres victimes», a renchéri Nathalie Simard.
«Ça crée des ravages. C’est très rare qu’un agresseur ou un pédophile s’arrête à une victime. Donc tant qu’il reste dans le silence, on lui laisse le pouvoir. C’est le temps qu’on reprenne le pouvoir, qu’on devienne des survivants», a aussi noté l’artiste.
En fin d’entrevue, celle-ci est aussi revenue sur sa relation autrefois tendue avec son frère, René, à qui elle n’a pas parlé pendant plusieurs années. Un problème révolu à l’heure actuelle, d’après elle.
«J’aime tellement mon frère, je suis fière de lui. Et c’est très précieux pour nous. C’est tout le temps des beaux moments», a -t-elle. envisagé