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Irvine Welsh: «Voir l’horreur sans la vivre»

Irvine Welsh Photo: Jeff J Mitchell/Getty Images
Laura Lopez - Metro World News

Irvine Welsh, auteur des livres cultes Trainspotting, The Acid House, Ecstasy, Porno et Reheated Cabbage, écrit sur l’excès, la société et l’impertinence comme personne. À 59 ans, il n’est pas près d’arrêter. L’homme de lettres s’est entretenu avec Métro au sujet de son tout dernier roman, Dead Men’s Trousers.

Plusieurs suspectent que Dead Men’s Trousers soit le livre final de la saga Trainspotting­. Est-ce vrai?
Je pense bien que oui. Je vois maintenant les personnages comme des histoires individuelles, je ne pense pas qu’ils puissent continuer à être un groupe. En fait, ils ne l’ont jamais été. Même dès le premier livre. Dans Porno, ils étaient des rivaux, pas des amis. Dans ce livre, ils essaient de se réconcilier, de redevenir amis, mais ils ne sont plus proches, ils ne se connaissent plus. Alors c’est dur pour moi de les voir unis. L’un d’eux meurt, mais je ne vous dirai pas qui! L’essentiel de votre œuvre a été adapté au grand écran.

Qu’est-ce qui explique ce succès?
Les personnages sont extra­ordinaires et leurs interprètes sont de très bons acteurs. Quand on a des personnages mémorables, plus d’acteurs veulent les jouer, et ça relève la barre pour la distribution des rôles. Alors, on peut avoir la crème de la crème pour chaque film. Et puis, plusieurs passages des livres sont très imagés, alors ça donne envie à plusieurs réalisateurs de s’impliquer. Ça attire le talent.

Parlant de personnages, sont-ils des exemples de «masculinité toxique»?
Oui. Je pense que ça date de l’industrialisation, période où la production et la réduction des coûts prévalaient. Ce modèle économique a créé des hiérarchies, la division du travail. La masculinité toxique cherche à conserver le pouvoir du patriarcat, même si les fondations sur lesquelles ça s’appuyait n’existent plus. Même chose pour la hiérarchie. On s’en servait comme structure pour assurer la productivité, mais ça devrait disparaître. Je vois ça comme un dernier cri du cœur de la part de certains hommes.

Le public peut s’identifier à vos personnages, même s’ils se retrouvent dans des situations improbables et tragiques. Pourquoi?
Les gens sont curieux. On peut tous s’identifier aux erreurs qu’ils font et aux conséquences qui s’en suivent. Les livres nous permettent de voir l’horreur sans avoir à la vivre. C’est réconfortant. Et je crois qu’à cause de notre système économique, à cause de la manière dont nos sociétés ont été fondées, nous sommes tous marginaux. Surtout les jeunes qui doivent survivre dans notre monde de fou.

«J’essaie toujours de rendre la fiction plus dramatique­ que la vraie vie.» Irvine Welsh, auteur

La drogue est le thème central de votre œuvre. Que pensez-vous de la guerre contre les stupéfiants?
Ça n’existe pas. La guerre contre les drogues, c’est réellement la guerre contre la jeunesse, contre la population, contre les citoyens.

Que voulez-vous dire?
Cette guerre contre les drogues­ ne sert qu’à faire peur aux gens qui n’ont jamais consommé. C’est du terrorisme encouragé par l’État. Mais je ne veux pas prendre de parti dans mes livres.

Parlez-nous de votre processus­ d’écriture. Suivez-vous une routine particulière­?
Pas vraiment. Je me réveille, je vais à mon bureau et j’écris pendant trois heures. Après, je vais soit à la plage ou au gym, puis je déjeune, je retourne à mon bureau et je relis ce que j’ai écrit. Je bois un café pendant que je retravaille mes textes. Après le lunch. Je continuer de travailler… ou pas. Parfois, je vais faire une promenade.

Si vous aviez écrit Glue (2001) ou Porno (2002) aujourd’hui, qu’est-ce qui serait différent?
Wow! Je ne sais pas. Je ne pense pas que je pourrais écrire ces histoires. Il faudrait que ça soit fait par quelqu’un de plus jeune, parce que je suis déjà très vieux, je suis loin de la culture des jeunes… même si ça n’existe pas vraiment.

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