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Des superhéros dans les décors de Claude Paré

Tom Holland dans Spider-Man : Far from Home Photo: Collaboration spéciale

Les univers de deux des grosses productions cinéma de l’été n’auraient pas été les mêmes sans l’œil du Montréalais Claude Paré, qui signe la conception visuelle de Dark Phoenix et de Spider-Man: Far from Home.

Que deux projets auxquels le concepteur artistique a participé prennent l’affiche aussi près l’un de l’autre est un fait «rarissime», estime Claude Paré, qui travaille dans l’industrie du cinéma depuis une quarantaine d’années.

Au fil des ans, il a gravi les échelons d’Hollywood au point où il peut avoir son mot à dire sur l’entièreté de l’environnement d’un film, des décors et accessoires à l’apparence des personnages fictifs. «On crée toute l’image du film», résume-t-il. Au fond, «le concepteur visuel conçoit tout ce qui n’est pas “comédiens­”».

Dans le cas des récents projets de Claude Paré, des longs métrages qui ont recours à beaucoup d’effets numériques, son travail commence environ six mois avant le tournage et se termine bien après, en post-production.

L’objectif d’une bonne conception visuelle est de créer «un assemblage transparent de lieux» pour que le spectateur ne remarque pas la transition d’un plan tourné en extérieur à un autre, tourné en studio par exemple, explique celui qui a travaillé à des projets aussi ambitieux que Night at the Museum, Rise of the Planet of the Apes ou It et aussi intime que Barney’s Version ou The Age of Adaline.

Peu importe le budget du film, «le niveau de difficulté reste le même : il faut que tout soit transparent», rappelle-t-il.

De Montréal à l’Europe
Bien qu’il demeure toujours à Montréal, Claude Paré se promène souvent entre Toronto, Vancouver, Los Angeles et d’autres grandes villes pour certains longs métrages.

Dark Phoenix

Dark Phoenix l’a ramené pour une première fois depuis longtemps, en termes professionnels, dans la métropole, où de nombreux visages lui étaient familiers. «J’ai retrouvé une grande partie de l’équipe avec laquelle j’ai travaillé pendant toute la fin des années 1990 et le début des années 2000, raconte-t-il. On se connaît, on connaît nos forces et nos faiblesses. Et c’était bien de voir l’évolution de tout le monde.»

Dans le cas de Far from Home, le Québécois «a sillonné l’Europe» pendant un an. L’équipe était basée à Londres, mais la production s’est déplacée en Espagne, en Italie, en République Tchèque et à New York.

Détail important pour un film mettant en scène l’homme araignée : «Ça se passe beaucoup dans le ciel. Alors j’ai visité je ne sais plus combien de terrasses, de toits, d’endroits très élevés. Même à New York, je suis allé sur tous les toits», se rappelle Claude Paré, qui ne semble toujours pas y croire.

Dans ses productions, les acteurs ont souvent la chance de mettre leur grain de sel quant à la conception des décors. Ainsi, Sophie Turner, qui incarne la jeune Jean Grey dans X-Men : Apocalypse et Dark Phoenix, a pu mettre sa touche personnelle dans la chambre du personnage qu’elle habite.

Deuxième chance
Dark Phoenix et Spider-Man: Far from Home sont un peu des histoires de deuxième chance pour Claude Paré. Après des contraintes de disponibilité pour les précédents X-Men, les astres se sont alignés en sa faveur pour Dark Phoenix.

Pour ce qui est de l’homme-araignée, «j’avais gagné la job [pour Amazing Spider-Man], raconte le concepteur visuel. J’étais super content, c’était un gros coup pour moi.» Cependant, après toutes les étapes d’entrevue, quelqu’un de haut placé au studio a tranché : «Let’s hire an American.» «C’est resté une blessure profonde pendant plusieurs années», admet Claude Paré.

Le téléphone n’allait pas arrêter de sonner pour autant; à Hollywood, les noms circulent. Après Dark Phoenix, dont le tournage initial s’est terminé en octobre 2017, le Québécois allait travailler au deuxième chapitre de It quand il a reçu l’appel pour Far from Home. «En premier j’ai refusé, j’ai dit “non, je suis trop fatigué”. Le producteur m’a rappelé trois jours plus tard et m’a dit: “Claude, je n’accepte pas ton non. On va passer toute l’année en Europe­…” Il enrobait le bonbon un peu.»

Après une conversation de sept minutes avec le réalisateur Jon Watts, tout a déboulé.

Claude Paré

Une autre époque
Celui qui a fait ses armes sur des miniséries et des téléfilms dans les années 1980 a pris le chemin de Los Angeles avec l’idée de se démarquer et, surtout, de se dépasser.

Après avoir fouillé dans ses papiers, il cite la regrettée designer d’intérieure française Andrée Putman: «Ne pas oser, c’est déjà perdre. Réjouissons nous de tout projet ambitieux, voire utopique, car les choses ne bougent que si l’on rêve.»

«Instinctivement, j’avais ça dans mon ADN quand je suis parti à L.A. en 1987», dit-il.

Les premières années n’auront pas été faciles, entre les nuits passées par terre dans le bureau d’un ami et les journées passées à envoyer des CV par télécopieur ou à appeler les assistants d’assistants afin d’obtenir des rencontres des producteurs, mais la persévérance de Claude Paré en aura valu la peine.

«Je suis encore plus fier d’avoir accompli ça parce que je l’ai fait à une époque où c’était beaucoup plus difficile», conclut-il.


Dark Phoenix

Présentement à l’affiche

Spider-Man: Far from Home

En salles le 2 juillet

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